Environ 259 hommes, essentiellement des jeunes, sont sortis de prisons, samedi 8 avril 2023. Ils avaient été graciés par le Président de la République, Mahamat Déby, le 27 mars dernier. Détenus pendant cinq mois, les 259 hommes se sont vu remettre au ministère de la Justice un certificat de libération. Ils avaient été arrêtés le 20 octobre, lors de la journée de manifestation contre le pouvoir réprimée dans le sang que les Tchadiens ont rebaptisée «Jeudi noir». Puis, le 2 décembre, lors d’un procès de masse organisé sans avocats dans la prison de Koro Toro, tous avaient été condamnés à des peines allant de deux à trois ans de prison fermes, «pour attroupement non autorisé, destruction de biens, incendie volontaire, violences et voies de faits, coups et blessures volontaires et troubles à l’ordre public».
Président de la Commission nationale des droits de l’homme, Mahamat Ibedou a salué ces grâces et libérations, tout en appelant le Chef de l’Etat à aller encore plus loin. «Cette grâce présidentielle est tombée à point nommé dans le cadre de la mise en place d’une transition apaisée. Nous avons besoin de ce genre d’actes qui est susceptible de décrisper le climat dans le cadre de la transition», a-t-il réagi.
Cette vague de libérations est la deuxième en une semaine. Mercredi 5 avril, 380 rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) avaient trouvé la liberté après avoir également été graciés. Ils avaient été condamnés à la prison à vie, notamment pour le meurtre au front de l’ancien Président Idriss Déby Itno en 2021.
L’opposant Succès Masra a fait savoir que, le seul crime commis par ces prisonniers, «c’est d’avoir exigé la justice et l’égalité. Et qu’ils ne représentaient même pas 25% arrêtés et portés disparus dont nous exigeons toujours la libération».
D’après les autorités, 139 personnes sont toujours emprisonnées, en attente de jugement.

Alain-Patrick MASSAMBA