Ya Samba, il nous souvient que, comme vicaire à Sainte Marie de Ouenzé, tu étais venu nous prêcher une retraite au Séminaire Saint Jean de Kinsoundi, au cours de l’année scolaire 1990-1991, sous l’abbé Anselme Kiteholo, d’heureuse mémoire, comme directeur. Quelque temps après, se trouvait dans nos murs l’archevêque métropolitain de Brazzaville d’alors, Mgr Barthélemy Batantu, notre vénéré pasteur; qui devait procéder à sa visite canonique, avec réception des séminaristes et des formateurs, un à un dans son bureau, pour prendre la température de la maison, avant de nous entretenir tous ensemble en dernière instance, après ton départ, dans la grande salle.

Ya Samba, ton enseignement était tellement édifiant que notre satisfaction s’exprimât le dernier jour de la retraite, pour te dire à la revoyure, par des cris d’allégresse accompagnés de chants improvisés en ton honneur, du genre: ‹‹O lela Ya Samba, ngoya o ngoya››, comme manifestation de notre gratitude et reconnaissance pour ta verve qui nous avait tous ébahi, hébété, abasourdi ou épaté au Séminaire, où nous prenions assez souvent le malin plaisir d’applaudir tout orateur éloquent.

Ya Samba, nos ovations euphoriques pour ta personne dans la cour du Séminaire avaient attiré l’attention ainsi que la curiosité de Mgr Batantu et de nos formateurs, aménés à observer à distance la manifestation de notre joie avec exubérance. Je parie qu’aucune expression du langage humain n’aurait su traduire les sentiments que nous t’exprimions de façon spontanée, dans un esprit de groupe solidaire pour une bonne cause.

Ya Samba, jamais un homme n’avait été acclamé de cette manière à Saint Jean, tout au moins de notre temps, comme nous le fîmes pour toi cette année-là. Ce qui avait certainement persuadé Mgr Batantu à t’y affecter l’année suivante (1991-1992) comme vice-directeur, et par la suite directeur (à partir de l’année scolaire 1992-1993). Puis, nous avions eu le temps de te connaître et de te découvrir comme formateur et enseignant; professeur d’histoire en classe de première, pour notre promotion en tout cas.

Ya Samba, merci pour ta rigueur. Tu nous avais fait comprendre que le Séminaire est une maison de formation et non pas la cour du roi Pétaud. Chacun peut y trouver sa place et y vivre en paix, tant qu’il respecte le règlement. Tel que le souligne d’ailleurs et si bien le fameux adage: «respecte le règlement et le règlement te gardera»(au Séminaire). Tu nous avais donc mis au pas de l’ordre et de la discipline et nous avais appris que le respect des formateurs et des aînés est de mise dans l’Église: «Yaya yaya kuandi, ntu bizitu mpu buzitu». Ce qui pourrait se traduire par: ‹‹L’ainé reste l’ainé et le respect est réciproque››. Nous ferons en sorte que cette boutade demeure incontestable, surtout de nos jours où il n’est pas rare de constater que les cadets semblent l’oublier et les aînés n’ont pas tous l’air de se faire respecter, à tort ou à raison.

Ya Samba, chacun de tes séminaristes aura gardé quelques souvenirs de toi, qu’il pourrait partager aux autres en guise de témoignage sur ta personne. Merci pour la confiance que tu me faisais comme auxiliaire du Séminaire, en me demandant parfois de préparer des petits discours, mots de remerciements que tu m’invitais à prononcer en public, au nom des séminaristes, à l’endroit des prêtres d’ailleurs qui venaient célébrer ou présider la messe hebdomadaire du soir au Séminaire.

Ya Samba, devenus prêtres, tu nous as vraiment acceptés et traités comme des confrères avec enthousiasme, sans jamais nous rappeler un seul instant que nous sommes passés entre tes mains au Séminaire. Tu nous accueillais également à bras ouverts dans ton presbytère de la Cathédrale Sacré-Coeur, mon curé (2004-2006) et moi, pauvres prêtres de campagne; jadis en service pastoral à Saint Michel de Goma-tsétsé. Lors de notre séjour à Brazzaville, tu nous donnais bien volontiers l’opportunité de célébrer la messe en la Cathédrale.

Ya Samba, merci pour ta sympathie, ton humilité, ta simplicité, ta générosité et ta grandeur d’esprit. Nous t’en sommes infiniment reconnaissants. Puisse le Seigneur que tu as servi avec ténacité et dévouement, abnégation et dévotion, zèle et ardeur, t’acceuillir dans son Royaume.

Yenda wa guma kuaku mu dzunu, Mpelo (Repose-toi en paix, Révérend Père).
Séraphin

KOUALOU-KIBANGOU (Ton cadet)