Comédien, metteur en scène, formateur, directeur de l’Atelier Mwezi et des ”Rencontres internationales Kintwadi, Faisons ensemble”(Rikife), résidant à Pointe-Noire, la capitale économique congolaise, Selma Mayala a été le porte-étendard du Congo. Lors de la première édition du Festival du théâtre africain qui s’est déroulée du 24 au 30 avril 2023 à Rabat, au Maroc. Un événement placé sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, organisé dans le cadre du programme «Rabat, capitale africaine de la Culture» (2022-2023) par le ministère marocain de la Jeunesse, de la culture et de la communication, en partenariat avec le Collectif Éclats de Lune. Objectif visé: mettre en lumière la richesse et la diversité du théâtre africain contemporain.

«Comment créer une dynamique entre les écoles de théâtre africaines?», «Quel état des lieux du théâtre sur le continent africain?», «Comment repenser les festivals en Afrique?», telles sont les thématiques débattues au cours des trois tables-rondes organisées lors de ce festival et auxquelles a pris part l’artiste-comédien congolais. Des rencontres organisées pour la redynamisation du théâtre africain en Afrique.
Mais, outre ces rencontres professionnelles, le premier épisode du Festival du théâtre africain a été marqué par des représentations théâtrales qui ont connu la participation des compagnies de dix pays: Maroc, République Démocratique du Congo, Guinée, Burkina Faso, Burundi, Mali, Cameroun, Kenya, Iles Comores et Bénin.
Il y a eu également le concours de la meilleure création remporté ex-aequo par les îles Comores pour la pièce théâtrale «Je n’ai pas de nom», mise en scène par Soumette Ahmed (Compagnie CCAC-Mavuna), et le Maroc pour la pièce «Elle était une fois la jupe», mise en scène par Mohammed Amin Boudrika (Compagnie Corp’Scène).

Dans le sillage de Brook et Sony
L’une des figures montantes du théâtre congolais, Selma Mayala a été initié à cet art quand il était encore au lycée. Il a été influencé par Peter Brook, metteur en scène, acteur, réalisateur et écrivain britannique (qu’il rencontrera en 2020), et par son compatriote et devancier Sony Labou Tansi. En 1999, l’artiste ponténégrin décide de faire du théâtre sa profession. En cofondant le «Théâtre des Coulisses».
Investi dans la vie culturelle congolaise, Selma est membre du réseau Culture’AC et participe, en tant que membre actif, à la création du Festival international Kimoko.
Le comédien a, à son actif, plusieurs festivals internationaux sur le Continent: en Algérie (FITA), au Gabon, au Cameroun, au Tchad, en République Centrafricaine, en République Démocratique du Congo.
C’est en 2018 qu’il met sur pied le collectif de l’Atelier Mwezi, convaincu de la double nécessité d’investir le domaine de la formation et de construire des liens avec des artistes internationaux dans un esprit d’ouverture et d’échanges de pratiques.
Influencé par Brook et Sony, le comédien est aujourd’hui formateur, très attaché à la transmission de la pratique du N’To pour un théâtre noble, ouvert et populaire.
L’artiste natif de Pointe-Noire s’est notamment illustré en tant que comédien au théâtre dans: «La Parenthèse de sang» de Sony Labou Tansi, «L’histoire du soldat de Charles» de Ferdinand Ramuz, «C’est la sorcellerie Kindoki» de Marie–Françoise Ibovy; «Andromaque» de Jean Racine; «Un diner bien tranquille» de Martine Huet; «Jean Muvusu» de Jean Léopold Ngoulou. Il a assuré la mise en scène de: «Cendres sur les mains» de Laurent Gaudé; «Antigone» de Jean Anouilh; «Le long voyage du pingouin vers la jungle» de Jean Gabriel Nordmann.
Avec Jehf Biyeri, il a coécrit: «Mond’idiotisation», «Tâche de sang», «J’ai perdu une côte», «Zonza Kua Ngoma».
Au cinéma, il s’est illustré dans «Positif» et «Grave Erreur 2» de Richi Mbébélé, «Diboulou» d’Albé Diaho.
Depuis 2020, il initie et organise, en collaboration avec le collectif Mwezi, les «Rencontres internationales Kintwadi, faisons ensemble», un festival annuel qui réunit des écrivains, des metteurs en scène et des comédiens dans un processus de création.

Véran Carrhol YANGA