A l’occasion de Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, célébrée le 26 juin dernier, le Centre d’actions pour le développement (CAD), une organisation non gouvernementale de défense des droits humains, a tenu au Centre d’information des Nations Unies (UNIC), à Brazzaville, une conférence de presse. L’objectif était de sensibiliser l’opinion nationale sur les violations des droits humains en augmentation dans le pays.
Le Centre d’actions pour le développement a enregistré 1039 violations des droits humains, dont cinq cas de torture qui ont conduit à la mort, selon son directeur exécutif, Trésor Nzila Kendet.
Le CAD fait un suivi régulier et indépendant de la situation des droits humains au Congo et a fait de la torture un axe prioritaire de son action.
Depuis sa création en 2021, le CAD publie un rapport sur les droits humains. «Chaque semestre, nous publions aussi des statistiques qui présentent les résultats du travail accompli», a-t-il indiqué.
Cette célébration était aussi l’occasion pour le CAD de publier son rapport du premier semestre de 2024, dont les enquêtes ont été réalisées dans la Sangha, à Pointe-Noire, à Brazzaville et dans le Niari.
La torture est physique et morale, a rappelé Trésor Nzila Kendet. «Personne ne devrait tirer profit de la torture. C’est une pratique inacceptable». Les cas de torture et de mauvais traitement, sont en augmentation au premier semestre 2024, a-t-il indiqué.
«122 cas de torture ont été constatés avec des traitements inhumains et dégradants. Cinq cas de torture ont conduit à la mort au premier semestre 2024, alors qu’au premier semestre 2023, ces cas se limitaient à deux. A noter que le Congo a ratifié la Convention de lutte contre la torture en 2003. Pourtant, la Constitution interdit la torture. Malheureusement, jusque-là le Gouvernement ne définit pas encore la torture. La législation congolaise est encore très en retard sur cette question. C’est pourquoi la situation des droits humains est assez préoccupante au Congo», a expliqué Trésor Nzila Kendet.
Roberto Dieu Le veut Lissassi, une victime de la torture, de nationalité congolaise, ancien auxiliaire de police, qui a perdu son œil gauche, a donné son témoignage.
Il a décrit la torture subie le 30 mai 2022, au commissariat de Mbochi, à Brazzaville. La victime a lancé un appel en sollicitant ”l’indulgence” du Président de la République, en sa qualité de magistrat suprême pour délibérer sur son problème afin que justice soit faite. « Je suis en train de mourir à petit feu, parce que l’œil droit est en train d’être attaqué par le mal», a-t-il fait savoir.
Philippe BANZ