Le passage du président Emmanuel Macron à Brazzaville a été court. Coutumiers des voyages à l’ancienne, avec groupes folkloriques à l’aéroport à l’arrivée comme au départ et flonflons, les Congolais auraient très certainement voulu que l’étape fût plus longue. Un peu plus de 5 heures à peine sonne comme un désaveu, comme un reproche tacite, une volonté d’en faire le moins possible parmi nous. Cela est possible. D’ailleurs, entre une ancienne puissance coloniale et son ex-colonie, ce ne sont pas les dossiers qui manqueraient pour nourrir ou justifier les bouderies !
Pourtant, l’objectivité commande de reconnaître, quels que soient les aspects cachés de la relation Congo-France, ce qui a été placé sous le tapis n’a pas empêché que cette visite soit une réussite. Insérée entre le Gabon (avec lequel nous avons eu des relations meilleures) et la République démocratique du Congo avec laquelle le meilleur de nos rapports est ce que nous n’en disons pas, la venue chez nous de M. Macron a semblé plus détendue. Entre les selfies et les séances de photo d’officiels, le président français a semblé moins crispé. La perspective du déplacement de Kinshasa où il s’est littéralement lâché, dans l’échange avec le Président Tshisekedi et dans l’escapade de Bandal chez Fally Ipupa, peuvent avoir joué. Ou le passage moins traditionnel à Luanda.
Tout est-il qu’à Brazzaville, banderoles velléitaires et calicots vengeurs semblent avoir été remisés dans les arrière-cours. Les langues qui voulaient s’essuyer sur la gouvernance approximative d’ici, loin des standards internationaux ; ou celle qui vouaient dénoncer les droits de l’homme toujours à compléter au Congo en sont restées sur leur simple intention. Etait-il d’ailleurs inéluctable que le Continent s’embrasât au passage d’un président français?
Donc tout compte fait, le passage de M. Macron chez nous a laissé des traces dans les esprits, non par des proclamations éloquentes ni des contestations en réplique, mais par le manque de bruits et de fureurs précisément. Sagesse d’un peuple en maturité ou timidité de ploucs alors que la diaspora promettait des étincelles et nous préparait à faire au moins comme nos frères en Afrique de l’Ouest, tout s’est déroulé avec sagesse. Nous n’avons pas la tradition de chahuter nos hôtes; ne sommes pas des manieurs impénitents de drapeaux étrangers, russes ou non, et ne semblons pas nous en mal porter. Bonne ou mauvaise: l’Histoire dira si c’est cette attitude est la bonne. A moins d’attendre la prochaine venue de M. Emmanuel Macron à Brazzaville qu’on nous annonce possible.

Albert S. MIANZOUKOUTA