Dans une interview, lundi 4 novembre 2024, Christian Grégoire Epouma, président de l’Association des parents d’élèves et étudiants du Congo (APEEC), a porté le cri de cœur de la majorité silencieuse au Premier ministre, afin qu’il trouve un palliatif aux impayés de l’Université Marien Ngouabi dont quatre ans de bourses pour les étudiants et quatre mois de salaires pour les enseignants. Cela épargnerait cet alma mater d’une fatidique année blanche.

A la question sur la situation des impayés de bourses et de salaires, Christian Grégoire Epouma s’est exprimé en ces termes : «C’est vraiment un sentiment de désolation de la communauté parentale que nous représentons. Vous auriez pu aller à la source, au niveau de la Primature pour en savoir un peu plus. Le motif de la grève, vous le saviez très bien ; c’est le non paiement des salaires. Nous sommes entre le marteau et l’enclume : d’un côté, nous ne pouvons pas demander aux personnes et aux familles c’est-à-dire les enseignants d’aller dispenser les cours, ventres affamés ! Ce serait aussi irresponsable de notre part ; et de l’autre, les enfants qui sont là, depuis le 2 octobre 2024, ça fait un mois que les cours ne sont plus dispensés. Tout ce que nous pouvons faire, c’est interpeler les pouvoirs publics, c’est-à-dire le Gouvernement de la République pour trouver tant soi peu, un modus operandi avec l’intersyndicale de l’université Marien Ngouabi. Nous n’avons pas un autre choix que de vous référer au gestionnaire de la cité qui se trouve être le Gouvernement ; qu’il trouve le juste milieu pour que les enseignants rejoignent le chemin de l’université.

La maladie de l’université Marien Ngouabi est connue ; c’est toujours la grève. Quand ce n’est pas les enseignants, c’est les étudiants. Si c’est un problème de gestion, alors il faut que l’on s’asseye. Dès lors qu’on a répondu à la question : Pourquoi les grèves à répétition à l’université Marien Ngouabi ? Alors on va pouvoir arrêter ce cercle infernal de grèves. Nous sommes conscients que le pays est dans une passe difficile, mais créons les conditions pour que l’on essaie de disjoncter là où c’est trop tendu ! Malgré les difficultés, on a réussi tant bien que mal à verser les salaires des fonctionnaires. Est-ce qu’on ne peut pas aussi tenir le même raisonnement en interpellant le Premier ministre pour dire : créez les conditions pour que vous puissiez régler la question de cet alma mater, parce qu’un mois c’est trop ! Voilà ce que je peux vous dire, le reste, sans pour autant être partisan de démarche polémique, il n’y a pas de polémique à partir du moment où nous disons que l’APEEC est une association républicaine.

Lorsqu’on apprend que le Premier ministre s’est assis avec l’intersyndicale pour un certain nombre d’engagements, à ce moment-là, il revient à chaque partie de répondre à ses engagements pour ne pas pénaliser la victime expiatoire qui se trouve être notre jeune enfant, l’étudiant, pendant que son collègue de l’université Denis Sassou Nguesso continue ses cours.

Quant à l’éventuelle année blanche, le président de l’APEEC a déclaré : «Vous savez, par principe, je n’aime pas être un prophète de malheur. Je croise les doigts pour que nous n’arrivions pas à la situation d’une année blanche. Malgré tout, il y a eu un sursaut ; mais je ne suis pas prêt à réaliser qu’au niveau du Gouvernement, nous avons des pères et des mères de familles là-bas et qui sont des bourreaux pour nos enfants ! Je ne crois pas, encore moins le premier parent qui est le Président de la République qui a décrété l’année 2024 année de la jeunesse, donc à tous ces niveaux-là, au niveau de l’APEEC, à un moment donné voir traverser nos petites cervelles d’une éventuelle année blanche. En tout cas, si ça serait le cas, alors ce serait fort dommageable pour tous. Nous croisons les doigts, nous ne souhaitons pas qu’on en arrive là. Il est encore possible d’éviter à cette génération montante une année blanche avec des conséquences sur plusieurs générations».

Propos recueillis par Victor Guembela