Il fut un temps où parler de religion au Congo pouvait être signe de défiance et pouvait conduire aux pires suspicions. Signe que les temps ont changé, cette semaine le Président Denis Sassou Nguesso était au Vatican lundi. Il s’y est entretenu avec le Souverain pontife, le Pape François, de sujets divers mais délicats : la béatification/canonisation du Cardinal Emile Biayenda ; la nomination d’un autre Cardinal au Congo ; une éventuelle visite du Pape chez nous etc…
Toutes ces questions ont été abordées dans l’esprit de franchise et de courtoisie qui caractérise la diplomatie vaticane éprouvée par des siècles d’échange, toujours à la lumière de l’Evangile qui éclaire et inspire l’Eglise. Au Congo, l’Eglise catholique mène ce qu’en d’autres contextes on qualifierait de travail de conscientisation. De bonification de l’être. Au-dedans et autour de lui. Il élève l’âme pour purifier l’être. Il ne devrait donc pas y avoir d’oppositions de principe, puisqu’aussi bien l’Etat que les communautés chrétiennes œuvrent pour le seul bien-être du Congolais.
Et, nous en témoignons dans la vie de tous les jours : quelles que soient leurs modalités et les manières de faire, toutes les communautés chrétiennes du Congo sont, elles aussi, tendues vers le même objectif de bien. Le président de la République, né catholique et éduqué dans des écoles catholiques, sait tout cela. Il s’est rendu au Vatican dans l’esprit de renforcer cet état d’esprit, lui qui répond régulièrement aux invitations des rassemblements religieux sans marquer de réticence discriminante pour les croyants.
Les relations du Congo avec le Vatican, et par extension avec les catholiques du Congo, sont bonnes en général. Il est arrivé des moments de divergences sur les modes de gestion de la République, sur le manque de distribution équitable des ressources du pays, sur le mode électoral et bien d’autres sujets. Mais, en règle générale, ces montées épisodiques de température finissent par retomber et se ranger dans les armoires de l’Histoire. Pour l’heure, Eglise et Etat sont côte à côte dans la bataille pour le développement dont, aux yeux de l’Eglise, l’autre signification est le mot paix. Aussi bien notre Etat laïc que nos communautés de croyants travaillent à ramener la paix et à la faire durer.
Au-delà des protocoles et des diplomaties, la visite d’un président Congolais au Vatican a toujours revêtu la solennité d’une reconnaissance du travail (service ?) rendu et d’engagement à faire en sorte que l’avenir soit garanti par les valeurs qu’ils ont en commun. D’autant qu’ils sont ardemment sollicités aujourd’hui dans la bataille pressante pour la sauvegarde de l’environnement. Le Pape François a commis une réflexion, Laudato Si, qui a fait l’unanimité de tous par ses observations pointues et son invite à joindre les mains pour sauver la planète, la maison commune.
Albert S. MIANZOUKOUTA