L’œuvre fictive de Ghislain Thierry Maguessa Ebome a été dédicacée le 10 juin 2025 à Brazzaville. Une date symbolique pour les Congolais, du fait de son rattachement à la Journée de la réconciliation nationale. Vendu à 5000 F CFA à la Faculté de lettres, des arts et des sciences humaines, de l’Université Marien Ngouabi, ce roman de 75 pages édité par Papyrus à Bouaké (Côte d’Ivoire), en partenariat avec les éditions Okiera, n’est qu’un récit des faits qui se sont joués à Brazzaville.
Ce roman est préfacé par le poète dramaturge Belettres Kwam, qui explique: «C’est une œuvre fictive, et le ninja est pris comme exemple pour parler à toutes les milices qui ont semé la terreur. Ce texte est une histoire, au sens de fiction, de l’imagination et du rêve qui, pour se construire, s’est aidé de la réalité nationale. Toute ressemblance avec des faits réels serait coïncidence. Je précise que, je ne suis de nulle part, sauf d’ici, c’est-à-dire du Congo. Je ne prends position pour personne, sauf pour la République. Les ninjas ne sont qu’un exemple à partir duquel toute extrapolation a été possible. Le Pool n’est qu’un lieu. Ma foi, c’est qu’un jour, le Congo réconcilié devienne la véritable plaque tournante de l’Afrique. Il s’agira d’un Congo dont les origines accidentelles et involontaires n’auront pas raison de la conscience citoyenne».
De la genèse du roman, Ghislain Thierry Maguessa Ebome relate qu’il a commencé à l’écrire sur le titre, ‘’Le repentir d’un ex-ninja’’, le 22 avril, alors que venait de se clôturer le dialogue national sans exclusive. Et, il a évolué en le titrant ‘’La force du pardon’’, avant de devenir ‘’Le Repentir’’. «Je mets au centre un personnage, Sardine, un milicien ninja qui, dans la rage de la bêtise humaine, abrège la vie de ses compatriotes d’une rafale de mitraillette. Mais, quand il assassina Gilbo, un ado de 16 ans, sa conscience l’interpelle dans les derniers instants de sa victime. Le crime hantait son esprit. Le dernier soupir et le visage de son ultime victime ne le quittaient plus au point où, sous le poids d’une conscience chargée et d’une vie troublée, Sardine décida de recourir au clergé pour se «Repentir», d’où le titre du roman».
Pour le Dr Patrick Itoua Ndinga, coéditeur du livre, et promoteur des éditions Okiera, «le Repentir est un récit qui met au centre un ninja qui se repent après avoir arraché la vie aux innocents».
Promoteur des éditions Papyrus, Christian Yao venu de la Côte d’ivoire, a constaté qu’en lisant le manuscrit de ce livre, «tout se passe comme si l’auteur a vécu ce qu’il a vécu en Côte d’ivoire en 2002. Il n’y a que les noms qui changent. Au Congo on parle de ninja, en Côte d’Ivoire on parle de Zinzin. Ce livre porte la phase historique de ce qui se passe sur le continent. Il pourrait passer dans les programmes scolaires en Côte d’ivoire, pour donner le message aux jeunes qui n’ont pas vécu la guerre».
‘’Le Repentir’’, deuxième ouvrage de l’auteur, n’est qu’une peinture littéraire des déflagrations tumultueuses qui ont déconstruit, bouleversé et blessé de nombreuses fratries. A partir du personnage qui appelle au repentir jeunes miliciens de tout bord, l’auteur «développe une théorie de la médiation dont l’enjeu est de cicatriser les plaies et de renforcer une mémoire collective du pardon».
Alain-Patrick
MASSAMBA