La guerre à l’Est de la République démocratique du Congo tarde à se terminer. Elle se prolonge d’autant plus que les différents acteurs, publics ou cachés, jouent au chat et à la souris lors des rencontres qui pourraient amener au dialogue. Sans qu’on sache précisément qui est le chat et qui est la souris. Et sans que, pour autant, le nombre des victimes de ce conflit sanglant ne parte à la baisse. Les nœuds persistent entre les autorités congolaises et le Rwanda, tenu pour être le parrain des rebelles du M-23 selon Kinshasa.
Il y a trois semaines, Paul Kagamé, président du Rwanda, ne s’est pas rendu à Luanda où l’attendaient le facilitateur Joao Lorenzo et le président Félix Tshisekedi. Et, alors que la nouvelle date fixée approchait ce mardi 18 mars, le Rwanda a de nouveau fait faux bond sous les prétextes les plus divers. Kigali continue de conditionner sa participation éventuelle à des négociations de paix, à l’engagement de Kinshasa à parler directement avec les rebelles du M-23 et ses alliés directement concernés par le conflit.
Le dialogue aura bien lieu un jour, tout est question de temps. Car, on ne peut pas supposer que la guerre qui paralyse depuis plus de 20 ans la partie économiquement vitale de la RDC, avec des répercussions déjà perceptibles chez les voisins et les riverains de la région, sera laissée à son pourrissement naturel dans l’indifférence. L’Europe commence à ouvrir ses yeux avec le train des sanctions contre le Rwanda. Cela commence à agacer le Rwanda. Le pays a même décidé de rompre ses relations diplomatiques avec la Belgique accusée d’avoir choisi la RDC dans le conflit en cours. Les acteurs de la sous-région, qui sont suspectés d’être des pro ou anti, pourraient-ils pousser à la roue et débloquer ce qui coince ?
C’est un souhait. Seulement. La rigidité des choses ici semble réelle, de part et d’autre. Tout comme les égos affirmés. Après avoir été critiqué par les siens, notamment pour des menaces brandies, le Président Tshisekedi voit aujourd’hui le mouvement de balancier pencher en sa faveur. Mais l’isolement du Rwanda sur la scène internationale portera-t-il l’huile de coude qui manque? Nous sommes nombreux à espérer le voir, même si, pendant ce temps dans le Kivu, des centaines de femmes et d’hommes sont sur les routes, balluchon sur la tête, à la recherche d’un peu de paix.
N.B: A la surprise de tous, Tshisekedi et Kagamé se sont rencontrés… au Qatar mardi!

Albert S. MIANZOUKOUTA