A entendre nos hommes et femmes politiques, le bonheur du Congo, ce sera demain. Aujourd’hui, nous devons vivre d’eau fraiche et d’amour. Parlons-nous du barrage de Sounda, le futur plus grand barrage hydroélectrique du Congo ? Ce sera (démarrage des travaux) en janvier prochain. C’est alors que nous pourrons jouer avec les mégawats en excédent, et que nous dirons adieu à ces délestages d’un autre âge. Donc, oui, nous irons du pire au mieux, mais seulement à partir de l’année prochaine.
Cette promesse est emblématique de notre situation générale, toujours mauvaise au présent, mais idéale à l’avenir. Nous promettons aujourd’hui et noyons le futur sous une nébuleuse qui nous exempte de l’exigence de vérification. Savons-nous ce qui se promettait en 1979, au lancement du barrage hydroélectrique de Moukoukoulou ? Qui sait si on n’y promettait pas déjà «la fin définitive» des délestages qui n’existaient certainement pas à l’époque !
Tout nouveau projet enterre notre exigence du mieux. La route lourde Brazzaville-Pointe-Noire nous a fait oublier la voie ferrée, naguère «épine dorsale» de notre économie, mais aujourd’hui seulement sollicitée pour des marchandises qui n’y roulent que, au mieux, trois jours dans la semaine ! Les voyageurs ne se déplacent plus en train, devenu désuet. Et les politiques ne le prennent plus. Ce qui a pour effet de ne plus le placer au centre de leur attention alors que le matériel ferroviaire exige d’être littéralement bichonné.
Nous promettons monts et merveilles, tant que la vérification n’est valable que pour le surlendemain. Au plus tôt ! Pour l’aujourd’hui, il suffit d’une promesse qui ne sera pas soumise à la contrainte du résultat puisque personne ne viendra contrôler ! Et que personne ne se révoltera jamais pour une promesse non tenue, une parole qui ira se perdre dans les tombereaux de paroles restées sans effet, mais prononcées par de très véhéments blablateurs.
Albert S. MIANZOUKOUTA