De concert avec l’UNESCO et la communauté internationale, le Congo a célébré le 8 septembre la 58e édition de la Journée internationale de l’alphabétisation, sous le thème: «Promouvoir l’éducation multilingue: l’alphabétisation pour la compréhension mutuelle et la paix». A cette occasion le Gouvernement, par l’entremise du ministère de l’Enseignement général, a délivré un message dans lequel il a appelé la communauté à s’impliquer dans un élan de sursaut patriotique, à l’œuvre révolutionnaire d’alphabétiser sans barrières linguistiques, toutes les personnes qui sont dans le besoin, ‘’car elles sont encore nombreuses’’, a dit Jean Luc Mouthou.

Le ministre de l’Enseignement préscolaire a énuméré les actions réalisées en matière d’alphabétisation et annoncé les défis qui restent à relever. «Progressivement l’alphabétisation fait du chemin dans notre pays. Déjà le 24 octobre 1960, le Congo adhérait à l’UNESCO comme pays membre. En 1965, l’UNESCO décidait d’instituer la Journée internationale que nous célébrons le 8 septembre de chaque année. Le 16 septembre 1965, notre pays adoptait en conseil des ministres par décret n065/242, la recommandation concernant l’alphabétisation et l’éducation des adultes, issue de la 28e conférence internationale de l’instruction publique tenue en septembre 1965 à Téhéran en Iran», a rappelé Jean Luc Mouthou.

Jean Luc Mouthou

Aujourd’hui, a poursuivi le ministre Mouthou, l’alphabétisation est à saisir comme principe directeur d’éducation pour tous et de l’apprentissage tout au long de la vie. «C’est à ce titre d’ailleurs que nous nous engageons à doter progressivement notre pays des lycées d’alphabétisation dès la rentrée pédago andragogique 2024-2025, question d’offrir à nos auditeurs qui terminent dans nos centres de post alphabétisation, après l’obtention du brevet d’études du premier cycle (BEPC) en qualité de candidats libres…. Deux lycées d’alphabétisation seront ouverts dès la rentrée pédago andragogique prochaine, un à Brazzaville et un autre à Pointe-Noire», a-t-il annoncé. Des projets que les apprenants appellent de tous les vœux.
Le ministre de l’Enseignement général a félicité les acteurs à tous les niveaux qui consentent des efforts et des sacrifices pour alphabétiser «nos populations concernées, à travers les langues maternelles, les langues nationales et la langue officielle». Il a par ailleurs remercié les partenaires bilatéraux et multilatéraux pour leur contribution dans la lutte contre l’analphabétisme et l’illettrisme.
La célébration de cette journée s’inscrit dans une démarche de rappel au public de l’importance de l’alphabétisation en tant qu’élément du droit à l’éducation et facteur de droits humains, de dignité et de développement durable pour une société plus instruite, compréhensive et paisible.
En effet, l’alphabétisation est un fondement de l’acquisition de connaissances, de compétences, de valeurs, d’attitudes et des comportements permettant de promouvoir une culture de paix durable fondée sur le respect de l’égalité, …. En 2022, cependant, au moins une personne sur sept âgée de 15 ans et plus (soit 754 millions de personnes) ne possédait pas les compétences de base en lecture et en écriture. Des millions d’enfants luttent pour acquérir un niveau minimum de compétences en lecture, en écriture et en calcul, tandis quelque 250 millions d’enfants âgés de 6 à 18 ans ne sont pas scolarisés.

Au plan international

La célébration s’est tenue les 9 et 10 septembre 2024 à Yaoundé, au Cameroun, un des pays présentant la plus grande diversité linguistique au monde. Plusieurs activités ont eu lieu. Il a également l’occasion de mettre en lumière l’agenda de l’alphabétisation en Afrique dans le contexte de l’année de l’éducation de l’Union africaine (UA). L’évènement a été réhaussé de la présence de Mme Audrey Azouley, directrice générale de l’UNESCO. Le Congo s’est fait représenter par le ministre de l’Enseignement préscolaire, Jean Luc Mouthou, accompagné de la directrice générale de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle, Laure Alphonsine Yockah Okondo.
La journée a abordé des questions liées à l’alphabétisation dans des contextes multilingues afin de parvenir à une paix durable. Elle a également étudié des solutions tendant à l’amélioration des politiques, des systèmes d’apprentissage, la gouvernance, les programmes et les pratiques.
La directrice générale de l’UNESCO a publié un message à l’occasion de cette édition. Pour elle, c’est dans leur langue maternelle que les enfants apprennent le mieux à lire et à écrire. Pourtant, 40 % de la population n’a pas accès à un enseignement dans une langue qu’elle parle ou qu’elle comprend. En Afrique, huit enfants sur 10 commencent l’école dans une langue différente de celle qu’ils parlent à la maison. Il s’agit là d’un obstacle majeur à l’alphabétisation «et nous ne pouvons l’accepter– lorsque trois enfants sur quatre dans les pays en développement ne peuvent pas lire et comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans. Les avantages de l’éducation multilingue sont bien établis et attestés par la recherche. Lorsque l’enseignement est dispensé aux enfants dans la langue qu’ils parlent à la maison, ils sont plus nombreux à aller à l’école, les filles des zones rurales restent scolarisées plus longtemps, et tous les enfants acquièrent de meilleures capacités de raisonnement. Une éducation multilingue favorise en outre le dialogue interculturel, la cohésion sociale et la paix», a-t-elle déclaré.

Germaine NGALA