Décédé à Brazzaville le 26 août dernier, Justin Koumba recevra les hommages de la République et du Parlement. Réunis en séance plénière spéciale le 27 août, sous l’autorité d’Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale, les députés ont procédé à la mise en places des différentes Commissions devant préparer et organiser ses obsèques.

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Justin Koumba

Le défunt à exaucé son vœu, celui de mourir au Congo. Son séjour médical en France depuis plusieurs années, Justin Koumba était rentré au pays, contre toute attente, il y a deux mois. Malgré les tentatives de deux membres du Gouvernement pour le persuader de répartir en France, il avait refusé.
Il a rendu l’âme à son domicile à Brazzaville, le 26 août dernier. Pour Isidore Mvouba, sa disparition ne concerne pas seulement l’Assemblée nationale, mais plutôt le Parlement toute entière qui est endeuillée. «Nous venons de perdre un grand député, rompu à la tâche. Il a été président de l’Assemblée nationale pendant plusieurs deux mandatures, président du Conseil national de transition (CNT), parlement provisoire, un cadre pétri d’une polyvalence. Partout où il est passé, il a brillé par sa compétence et son savoir-faire. Il était le représentant de l’UNESCO pour l’Afrique centrale et les Grands Lacs, ministre pendant la transition. Nous venons de perdre un grand cadre qui pouvait encore apporter beaucoup à notre pays. Il était le premier ministre du Royaume de Loango, un homme très actif et d’une grande intelligence, bardé de diplômes. L’Assemblée nationale est fortement endeuillée. Sa mort intervient après celle du vénérable Manoukou-Kouba. Nous sommes à pied d’œuvre en train de préparer ses obsèques pour qu’il reçoive la reconnaissance de la République et du Parlement», a déclaré le président de l’Assemblée nationale, très ému par la disparition de celui qu’il a succédé en 2017.
A signaler que Justin Koumba n’a jamais membre d’un parti politique, avant la création en 2001, de son parti, dénommé: Alliance pour le Congo (APC), et a soutenu Sassou-Nguesso. Le 26 mai 2007, l’APC a annoncé sa fusion avec le Parti congolais du travail (PCT).
En avril 2014, Justin Koumba avait appelé les députés à réfléchir sur les institutions de l’État et a suggéré que ces institutions pourraient ne plus être parfaitement adaptées à la situation du pays. Il s’est dit «confiant que nous trouverons, dans la sincérité et l’harmonie, des solutions compatibles avec les exigences de l’évolution de notre société».
Initiée pour s’enquérir des doléances et des maux qui minent le département du Niari, les cadres et sages du Niari, réunis dans la salle de conférences de la préfecture à Dolisie, le 22 mars 2014, avaient transformé cette rencontre, en une exhortation faite au Président de la République de pouvoir changer la Constitution. Les questions brulantes telles que l’échec de la municipalisation accélérée du Niari, le manque d’entretien et la dégradation avancée des voiries urbaines et des routes secondaires, le manque des lycées propres à l’état et de des tables-bancs et biens d’autres préoccupations avaient été simplement renvoyées au calendre grec.
Le Niari était le deuxième département après la Likouala à pouvoir demander ouvertement le changement de la Constitution. Le président de l’Assemblée nationale, Justin Koumba devrait introduire le sujet et laisser la place au ministre Pierre Mabiala, pour argumenter.
La rencontre avec le Chef de l’Etat, s’était tenue, avec à son ordre du jour, un seul point. Ce qui a, d’ailleurs, étonné le président de la République qui s’attendait à un dialogue franc et direct sur les questions récurrentes qui minent le département du Niari.
Or, pour Justin Koumba, ces questions peuvent être directement posées et facilement résolues par les ministres. Pour le président de l’Assemblée nationale, il n’était pas question de dire de n’importe quoi au Président, en lui incombant les problèmes. A l’unanimité, selon lui, «nous avons choisi de poser le problème important qui ne peut qu’être résolu par vous. Il s’agit du fétichisme de la Constitution», a dit Justin Koumba qui a pensé que celle-ci était à l’origine de plusieurs conflits dans notre pays.
S’appuyant sur la mauvaise interprétation de l’article 75 de la Constitution de 1992 qui a engendré les crises, le président de l’Assemblée nationale a fait savoir qu’il ne faut plus revenir sur certains travers. D’où son appel au changement de la Constitution. «Le Niari, unanimement, a pensé que nous pouvons vous demander de ne pas hésiter à envisager le changement de la Constitution», a-t-il affirmé, avant de laisser, selon le schéma tracé, la place au ministre Pierre Mabiala d’argumenter sur le pourquoi de cette décision de changer la Constitution du 20 janvier 2002.
Cyr Armel
YABBAT-NGO