Le samedi 1er avril 2023, après avoir reçu une notification des services de sûreté nationale, les deux correspondantes des journaux français «Libération» et «Le Monde» ont quitté Ouagadougou. Les raisons de leur expulsion n’ont pas été communiquées.

Convoquées par la Sûreté nationale, Sophie Douce et Agnès Faivre après une longue durée d’interrogatoire, ont rejoint leur lieu de résidence. «Les agents nous ont posé des questions sur notre travail, nos sources, nos contacts burkinabè et sur l’article concernant l’analyse d’une vidéo publiée dans le journal Libération», a expliqué Agnès Faivre. Ensuite, elle reçoit l’appel d’un officier de police lui demandant de quitter les lieux dans 24heures sans aucune justification. Samedi, Sophie Douce également reçoit l’ordre de quitter le territoire burkinabè dans un délai de 24heures. C’est ainsi que dans la soirée, toutes les deux ont quitté Ouagadougou pour la France où elles sont arrivées dimanche, à Paris.
Selon Libération «Agnès Faivre et Sophie Douce sont deux journalistes d’une parfaite intégrité, qui travaillaient au Burkina Faso en toute légalité, avec des visas et des accréditations valables délivrées par le Gouvernement burkinabè».
«Nous protestons vigoureusement contre ces expulsions absolument injustifiées et l’interdiction faite à nos journalistes de travailler en toute indépendance», a ajouté Libération.
Après l’expulsion des deux journalistes françaises, leurs collègues burkinabè craignent pour leur liberté d’expression. «Ce sont des menaces, ce sont des accusations, ce sont des intimidations, ce sont des appels à la violence jusqu’à des appels de meurtre contre les journalistes et les comités d’entreprise de presse. C’est extrêmement grave en termes d’appels à la liberté de presse, à la liberté d’expression que nous vivons en ce moment. (…) Depuis hier, il y a encore des mensonges grossiers qui sont montés à travers les vidéos incriminant injustement certains confrères et les accusent d’être en mèche avec les confrères français qui ont été expulsés. Ce qui à notre sens est totalement insensé, et incompréhensible», a dit Boureima Ouedraogo, directeur de publication du journal Le Reporter et secrétaire général de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation.
A noter qu’en 2022, le pouvoir en place avait déjà suspendu la diffusion en FM de Radio France internationale (RFI) et coupé également la retransmission de la télévision d’information française France24 sur le territoire burkinabè. Cette situation devient une vraie menace.

Princesse GRACIASS
(Stagiaire)