Décédé le 17 décembre 2020 en France des suites de la COVID-19, à l’âge de 71 ans, l’ancien Président burundais Pierre Buyoya a été inhumé le 30 décembre au cimetière chrétien de Bamako Coura, au Mali. Plusieurs personnalités lui ont rendu hommage en la cathédrale de la ville où était exposé son cercueil. Notamment, des diplomates africains et occidentaux, les autorités maliennes (dont le ministre de l’Extérieur Alhamadou Ag Ilyene) son épouse entourée de ses enfants. L’ancien chef d’Etat a également occupé la fonction de Haut représentant de l’Union africaine au Mali et au Sahel de 2012 à novembre 2020.
Au Mali, Pierre Buyoya se sentait chez lui. «Nous l’avons vu depuis le début de la crise mettre toutes ses connaissances pédagogiques, son expérience au service du Mali pour la sauvegarde de son intégrité territoriale, pour la réconciliation de ses fils, pour sa sécurisation et puis le retour du Mali devant la scène internationale». Reconnaissants à son pays d’accueil, ses proches ont aussi rappelé l’attachement de Pierre Buyoya au Burundi. Son fils Olivier a témoigné: «Comme tout Africain, notre souhait c’est un jour d’être enterré sur la terre de ses ancêtres. Et je crois savoir que c’était aussi son souhait. Cela n’a pas été possible, mais nous ne perdons pas espoir qu’un jour, cela le soit».
Pierre Buyoya fut Président du Burundi de 1987 à 1993, puis de 1996 à 2003. Il a été hospitalisé le 9 décembre dans un hôpital de Bamako, au Mali, où il avait été placé sous respirateur. Il a été évacué à Paris. Il est décédé dans l’ambulance qui l’amenait dans un hôpital parisien pour des soins. En octobre 2020, il avait été condamné à la prison à perpétuité dans son pays pour l’assassinat en 1993 de son prédécesseur Melchior Ndadaye. L’ancien Président Buyoya avait dénoncé «un procès politique mené de manière scandaleuse» et avait démissionné fin novembre 2020 de son rôle d’envoyé spécial de l’UA pour «laver son honneur».
Issu d’un milieu modeste, Pierre Buyoya a d’abord fait carrière dans l’armée avant de devenir Président à la suite d’un coup d’Etat contre Jean-Baptiste Bagaza, sur fond de grogne dans l’armée. Pendant son premier mandat, il s’emploie à ouvrir l’espace démocratique au Burundi, un processus qui débouche en 1993 sur l’élection à la tête du pays de Melchior Ndadaye, premier Président démocratiquement élu du Burundi, et hutu. Le Président Buyoya revient au pouvoir en 1996, encore à la faveur d’un coup d’Etat, alors que le Burundi est plongé dans une guerre civile meurtrière. Il signe en 2000, les Accords d’Arusha qui visent à mettre un terme à la guerre civile, qui a fait 300.000 morts entre 1993 et 2006. Il quitte le pouvoir en 2003 conformément à ces accords.

Alain-Patrick MASSAMBA