Les avocats des parties soupçonnées d’avoir participé à l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, retrouvé mort le 22 janvier dernier, se livrent à une petite guerre de communication par médias interposés. Le 17 février dernier, c’est Maître Charles Tchoungang, avocat de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, cité comme le commanditaire dans cette scabreuse affaire, qui dénonçait ce qu’il appelle les «rétractations et déclarations contradictoires» de l’autre principal suspect, le lieutenant-colonel Justin Danwé, présenté, lui, comme le chef du commando ayant commis le forfait.

Son confrère, Maître Jacques Mbunny, avocat du directeur des opérations de la DGRE, le service de contre-espionnage camerounais, le lieutenant-colonel Justin Danwe – présenté comme le cerveau du commando qui a enlevé, torturé et assassiné Martinez Zogo n’a pas tardé à lui répondre assez sèchement. Maître Jacques Mbunny estime que Charles Tchoungang aurait commis un impair en évoquant des propos imputés à son client face à des journalistes, alors que l’affaire est encore en instruction.
«Non seulement il ne devait pas parler de mon client mais, plus grave encore, parler de ce que mon client aurait dit. Parce que là, il s’agit d’une violation du secret de l’enquête de police judiciaire, s’insurge Maître Mbunny. Cela nous est interdit: tant que nous sommes au niveau des enquêtes, nous ne pouvons pas parler de ce dossier. Lui (Charles Tchoungang) qui est un ancien bâtonnier le sait mieux que moi: il faut que l’on arrête de parler de mon client. Un autre avocat, qui défend une autre partie, doit s’interdire de parler de mon client, et en ces termes-là», a-t-il poursuivi.
Au-delà de ces questions de principe, Jacques Mbunny dément les allégations prêtées à son client et selon lesquelles ce dernier aurait, d’une part, reconnu avoir conduit les opérations ayant mené la mort de Martinez Zogo et, d’autre part, d’avoir cité dans ses dépositions les noms des ministres Laurent Esso et Louis-Paul Motaze, comme ayant pu jouer un rôle dans cette affaire.
L’avocat se veut formel: «il n’en est rien», selon lui. Mais nuance tout de même: «pas en sa présence». «En ma présence, mon client n’a jamais eu à faire ce genre de déclarations, ce sont eux qui le disent. Je ne sais pas dans quel cadre cela a été dit mais, jusqu’à preuve du contraire, je suis le seul à pouvoir rapporter ce que mon client a dit ou ce qu’il n’a pas dit».
Cette sortie, la première du conseil de Justin Danwe, est venue davantage complexifier la compréhension de cette affaire, nourrie de rumeurs et de suspicions de tous ordres.

Gaule D’AMBERT