La décision du Rwanda de quitter la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), annoncée le samedi 7 juin 2025, au cours de la 26e Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement du bloc sous-régional à Malabo (Guinée équatoriale) a généré de nouvelles tensions. Elle soulève des questions sur l’avenir de la coopération sous-régionale.

Dans un communiqué, le ministère rwandais des Affaires étrangères a déclaré: «L’instrumentalisation de la CEEAC par la RD Congo, avec le soutien de certains Etats membres, constitue une violation des droits du Rwanda, garantis par les textes constitutifs de l’organisation. Par conséquent, le Rwanda ne voit aucune justification pour rester dans une organisation dont le fonctionnement actuel contrevient à ses principes fondateurs et à son objectif initial». Le Rwanda a, en outre, précisé dans ce communiqué que «la CEEAC a délibérément ignoré le droit du pays d’assumer la présidence tournante de l’organisation afin d’imposer les diktats de la RD Congo».
Le porte-parole du gouvernement de la RD Congo, Patrick Muyaya Katembwe a, dans une déclaration, rétorqué que «cette réaction inédite de la CEEAC devrait inspirer d’autres organisations régionales pour adopter une posture plus ferme contre le Rwanda. Le narratif mensonger, les actions souterraines de lobbying ne pourront jamais prendre le dessus sur la vérité et les horreurs de l’agression rwandaise».
A noter que l’accord signé, le 25 avril 2025 à Washington, entre le Rwanda et la RD Congo, avec la médiation des Etats-Unis, a ravivé les espoirs d’une solution négociée au conflit prolongé dans l’Est de la RD Congo. Les relations entre les deux voisins sont marquées par des tensions croissantes dans le contexte du conflit dans cette région de la RD Congo.
Les deux pays mènent des négociations depuis des semaines pour rechercher une solution pacifique à la crise aggravée par l’offensive du groupe rebelle Mouvement 23 (M23), soutenu par le Rwanda. Cette année, ce mouvement a intensifié ses opérations à l’Est de la RD Congo et a pris le contrôle des villes de Goma et de Bukavu, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Depuis 1998, l’Est de la RD Congo est embourbé dans un conflit alimenté par les milices rebelles et l’armée régulière, malgré la présence de la Mission de maintien de la paix des Nations unies (MONUSCO).

Alain-Patrick MASSAMBA

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