C’est comme si l’Eglise se retrouvait tout d’un coup au centre, la mire d’attaques multiples venant de partout. De l’intérieur comme de l’extérieur ; des personnalités formées dans des institutions catholiques comme du citoyen lambda. Tout est bon pour vilipender, critiquer, soupçonner, calomnier, travestir. Nous avons brutalement tout, sauf l’image de cette institution tenace qui a façonné le Congo et les Congolais ; accompagné la marche vers l’indépendance et le développement ; insufflé de l’humanisme dans la rigidité de certaines de nos mœurs.
Tous les communicateurs le disent : il n’y a rien de plus pervers que de démentir. La fausse information colle au corps ; tenter de la repousser, c’est courir le risque de se la renvoyer de nouveau à la face. Pourtant, rester impassible quand on déverse de la boue sur les pasteurs, les prêtres, les communautés ecclésiales n’est pas chose aisée non plus. Surtout lorsqu’on sait les gonflements que peut subir une contre-vérité en liberté.
Regarder faire et se contenter de courber l’échine lorsque les flots du mensonge et la malveillance ciblent une Eglise qui se sait maîtresse en humanité est tout sauf facile. C’est pourquoi il faut d’abord chercher à savoir. La vérité est la seule parade contre le mensonge et la calomnie. Mais quelle vérité, quand la rumeur et le bouche à oreille disent vouloir faire œuvre de salubrité publique en mettant gratuitement à disposition des données croustillantes, fraîches du matin ?
Vous lirez dans ce journal (Page 11) la déclaration officielle de Mgr Miguel Angel Olaverri, évêque de Pointe-Noire. Des rumeurs de douleur circulent autour d’un incident au Foyer de Liambou. Notre évêque donne une version, il n’est pas certain qu’elle suffira à calmer les ardeurs de ceux qui parlent de tentative d’assassinat, de conduite honteuse, de diffamation et d’’infraction aux règles et à la morale. Au moins, elle laisse la porte ouverte à un complément d’information de la part de qui détiendrait une version autre.
Tout ce qui se ligue contre l’Eglise catholique – et même contre l’Eglise protestante, d’ailleurs – ces derniers jours ne se contrera pas par des démentis et des rectifications. IL est des opinions déversées sur la place publique qui suscitent l’envie d’y croire. C’est d’ailleurs le propre de la rumeur : donner l’envie d’y croire, flatter la crédulité et prétendre apporter du croustillant là où la vérité se sait toute sobre et sans fard.
Il n’empêche : le flot de boues qui se déversent sur l’Eglise aujourd’hui est appelé à interroger notre manière de vivre en Eglise. Le rapport à nos prêtres. Notre manière de former nos prêtres aussi. Notre rapport à l’inculturation saine également : c’est l’occasion de nous demander le genre d’Eglise que nous souhaitons. Il est certain que nous ne voulons pas celle de la calomnie et des jets de venin perpétuels, mais celle que Dieu a voulue par son Fils Jésus-Christ avec l’aide du Saint-Esprit.

Albert S. MIANZOUKOUTA