Au Peuple de Dieu,
Aux Membres de l’Eglise Famille de Dieu qui est en République du Congo,
Aux Prêtres et Diacres,
Aux Personnes consacrées,
Aux Femmes et Hommes de bonne volonté,
Paix à vous !

1- A l’issue de la 54ème Assemblée Plénière ordinaire annuelle, tenue au Centre Interdiocésain des Œuvres (CIO) à Brazzaville, du 14 au 19 octobre 2025, sur le thème «La vie et la mission de l’Eglise Famille de Dieu en République du Congo, trente (30) ans après la publication de l’Exhortation post-synodale Ecclesia in Africa», comme «Pèlerins de l’espérance sur le chemin de la paix », dans le contexte du jubilé de l’Année Sainte 2025, Nous, Evêques du Congo, vous adressons ce message pour le renforcement de la foi et du témoignage chrétien.

2- L’an dernier, lors de notre 53ème Assemblée Plénière (du 08 au 15 octobre 2024) sur «La vie consacrée en République du Congo et les défis de l’heure : la mondanité, les défis théologiques et pastoraux», nous exhortions l’Église Famille de Dieu qui est au Congo, à «être signe visible de l’amour de Dieu et de l’Évangile au cœur d’une société en quête de repères, confrontée à de nombreux défis qui sont amplifiés par les réalités sociopolitiques et économiques du pays et par l’évolution rapide de la société. »

3- Faisant suite à cette réflexion, après plus de 140 ans d’évangélisation en terre congolaise, nous nous remémorons, en cette année 2025, les Trente (30) ans de la publication de l’Exhortation Apostolique Post-synodale, Ecclesia in Africa, du Saint-Père Jean-Paul II, aux Évêques, aux Prêtres et aux Diacres, aux Religieux et aux Religieuses, et à tous les Fidèles laïcs, sur l’Eglise en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l’an 2000, publiée le 14 septembre 1995.

I- ECCLESIA IN AFRICA

A. CONTEXTE SOCIO-PASTORAL, NATURE ET CONTENU

4- D’une genèse plutôt lointaine, l’Exhortation apostolique Ecclesia in Africa est née du désir de l’Eglise d’Afrique d’affirmer et de sauvegarder son identité et le vécu de sa foi chrétienne au sein de l’Église universelle. D’une genèse relativement proche, on évoquerait les intuitions prophétiques du Concile Vatican II sur : la théologie de l’Église particulière, la collégialité épiscopale, l’unité ecclésiale dans la diversité, le respect des religions non chrétiennes et des cultures, et la nécessité d’une théologie des «signes du temps.»

Par ailleurs, les messages du Pape Paul VI, respectivement le 29 octobre 1967 (Africae terrarum), et lors de son voyage en 1969 à Kampala en Ouganda, qualifiant l’Afrique de « nouvelle patrie du Christ » et exhortant les africains à devenir leurs propres missionnaires, allaient avoir un impact retentissant dans la conscience collective de l’Eglise d’Afrique.

Les travaux du synode se sont déroulés à Rome du 10 avril au 8 mai 1994. Le fait que l’ouverture des travaux soit intervenue juste trois (03) jours après le début du génocide au Rwanda, et le 2ème dimanche de Pâques, explique du reste pourquoi les Pères synodaux se sont vus en devoir d’adresser au peuple de Dieu un message réaffirmant la foi pascale en la Résurrection qui fonde la grande espérance chrétienne: «Christ notre Espérance est vivant, nous vivrons.» Le synode s’est conclu par une phase de célébration africaine au cours de laquelle le Pape Jean Paul II a publié l’Exhortation post-synodale en Afrique à Yaoundé, au Cameroun (14 septembre 1995), et à Nairobi au Kenya (19 septembre 1995).

5- La première Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques a porté sur le thème «L’Église en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l’An 2000 : «Vous serez mes témoins» (Ac 1, 8) ». Les Pères synodaux ont examiné les moyens grâce auxquels les Africains pouvaient mieux mettre à exécution le mandat que le Seigneur ressuscité donna à ses disciples : «Allez donc, de toutes les nations faites des disciples» (Mt 28, 19). Il s’agissait de faire «une évaluation de l’évangélisation en Afrique en vue des grandes options à prendre pour l’avenir du continent. C’était l’occasion d’examiner les problèmes religieux » qui se posaient à l’ensemble du continent à l’orée du troisième millénaire. S’inspirant de la Constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium et «l’inculturation de la foi», le paradigme ecclésiologique retenu par Ecclesia in Africa pour le nouvel élan missionnaire est «l’Eglise famille de Dieu .»

B- FONDEMENTS ANTHROPOLOGIQUES

6- Dans le processus de l’inculturation, le Synode a appliqué la notion d’Église Famille de Dieu pour l’évangélisation de l’Afrique. À propos de cette idée-force de l’Église Famille de Dieu, le Pape Jean Paul II écrit : «Les Pères y ont vu une expression particulièrement appropriée de la nature de l’Église pour l’Afrique. L’image, en effet, met l’accent sur l’attention à l’autre, la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance. La nouvelle évangélisation visera donc à édifier l’Église Famille, en excluant tout ethnocentrisme et tout particularisme excessif, en prônant la réconciliation et une vraie communion entre les différentes ethnies, en favorisant la solidarité et le partage .»

C- FONDEMENTS SCRIPTURAIRES DU PARADIGME EGLISE FAMILLE DE DIEU

7- Le paradigme Eglise Famille de Dieu est le fruit d’une réflexion approfondie sur le patrimoine biblique et magistériel présent dans la Constitution dogmatique Lumen Gentium du Concile Vatican II. Par le baptême nous devenons un seul corps, le Corps mystique du Christ (Cf. 1 Co 12, 13), «étant chacun pour sa part membres les uns des autres» (Rm 12, 5). Bien d’autres images sont empruntées à l’Ecriture pour designer l’Eglise comme Temple de l’Esprit, Troupeau et Bercail, Maison où Dieu demeure avec les hommes . L’Eglise Famille de Dieu traduit mieux la catégorie de Peuple de Dieu: «Ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le Peuple de Dieu» (1 P 2, 9-10).

8- Jésus est Lui-même le fondement de ce modèle d’Eglise. Comme le déclare Saint Paul dans son épitre aux Ephésiens : «Frères, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même …» (Ep 2, 19-22).

9- Le modèle Eglise Famille de Dieu est fondé sur une conviction de responsabilité et d’amour (Cf. 2 Co 11, 28). De fait, se sentant affectés par les guerres et la pauvreté écrasante, «Les évêques cherchèrent les moyens de partager et de rendre efficace leur sollicitude pour toutes les Églises.» La péricope du Bon Samaritain (Lc 10,25-37), à laquelle se réfèrent les Pères synodaux, est un enseignement éloquent sur la proximité et la compassion chrétiennes envers ceux qui sont abandonnés au bord du chemin.

D- FONDEMENTS MAGISTÉRIEL ET THÉOLOGIQUE

10- La notion d’Eglise Famille de Dieu s’inscrit dans la perspective de l’ecclésiologie de communion du Concile Vatican II, qui est «une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin » du troisième millénaire. Ce Concile met effectivement en avant l’ecclésiologie de communion : «L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les conditions présentes ajoutent une nouvelle urgence : il faut que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ »

II. RECEPTION ET ACTUALITE D’ECCLESIA IN AFRICA DANS LA VIE ET LA MISSION DE L’EGLISE EN REPUBLIQUE DU CONGO

A- RECEPTION

11- L’Eglise qui est en République du Congo a accueilli avec enthousiasme cette Exhortation post-synodale Ecclesia in Africa, et en a suivi l’impulsion. L’évangélisation avait ainsi la mission d’édifier l’Église Famille de Dieu, pour que les «familles africaines deviennent des Églises domestiques et les sociétés africaines des sociétés-famille .»

Trois décennies après, navigant au large des eaux tumultueuses du troisième millénaire aux défis multiples et innombrables, l’Église en République du Congo vit un tournant décisif de son histoire. Elle est appelée à renouveler son engagement missionnaire et à réaffirmer son témoignage au cœur d’une société en pleine mutation d’ordre social, culturel et économique.

12- En communion aussi bien avec le SCEAM (Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar) qui, lors de sa 20ème Assemblée plénière, a réfléchi sur «Le Christ, Source d’Espérance, de Réconciliation et de Paix : la Vision de l’Eglise Famille de Dieu en Afrique pour les 25 prochaines Années (2025-2050) », qu’avec l’ACERAC (Association des Conférences Episcopales de la Région de l’Afrique Centrale) dont le thème de la prochaine Assemblée plénière en janvier 2026 porte sur : «Les défis de l’Eglise Famille de Dieu en Afrique Centrale : trente (30) ans après la publication de l’Exhortation post-synodale Ecclesia in Africa », il nous revient trente (30) ans après, à l’occasion de cette 54ème édition de l’Assemblée plénière de la Conférence Episcopale du Congo, d’en évaluer la réception, l’appropriation, l’incidence et la pertinence.

13- La réception et la relecture de l’Exhortation post-synodale Ecclesia in Africa trente (30) ans après, par-dessus tout et nonobstant les pesanteurs qui perdurent, devront être perçues comme un signe d’espérance d’un nouveau départ vers les défis de la vie pastorale nationale qui se complexifient au regard des nouvelles réalités telles que les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle, etc.

14- L’Eglise Catholique qui est en République du Congo n’a eu de cesse de traduire, lors de ses Assemblées plénières, les axes majeurs d’Ecclesia in Africa, à travers ses appels au sens de la famille, de la solidarité, de la justice sociale, de la fraternité, et de la lutte contre la pauvreté et des antivaleurs.

15- Les messages des Evêques du Congo pendant les moments critiques de la vie nationale sont des signes forts de l’engagement prophétique préconisé par Ecclesia in Africa. Dans ce sens, l’option préférentielle pour les pauvres que matérialisent la Caritas et toutes les œuvres sociales de l’Eglise, est une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l’Église .

B- ACTUALITÉ ET LIMITES

16- Les limites de la mise en œuvre des orientations majeures d’Ecclesia in Africa sont incontestables. Malgré les appels incessants des Evêques, on constate une précarité généralisée (engrenage de la dette auprès des institutions financières internationales, chômage de masse de la couche juvénile, problèmes d’électricité, de santé, d’eau, de routes, d’auto-suffisance alimentaire…). Dans la pratique, les appels à la lutte contre les antivaleurs ne trouvent pas toujours un écho favorable auprès des familles congolaises, particulièrement de la jeunesse.

17- Par ailleurs, l’idéal de famille proposée par Ecclesia in Africa semble encore loin de la réalité trente (30) ans après sa publication. Des lieux de formation de couples chrétiens existent, mais nombreux demeurent indifférents à leurs bienfaits. Subsistent encore des pratiques contraires à l’évangile : tribalisme, syncrétisme, unions libres, unions contre nature, mariages polygamiques, maltraitances des veuves et des orphelins, violence perpétrée par des jeunes délinquants, etc. La pastorale de la famille et de la vie reste donc un défi.

III- DEFIS DE L’EVANGELISATION AU CONGO A LA LUMIERE D’ECCLESIA IN AFRICA.
18- Être une Eglise Famille de Dieu exige le dépassement de nos limites et une dynamique de conversion profonde. Il faut nous efforcer d’avancer au large (Lc 5,4). Ecclesia in Africa – tout comme Africae munus qui l’a suivi – est une feuille de route vivante, qui demande encore aujourd’hui d’être prise au sérieux.

A- EGLISE FAMILLE DE DIEU, ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (IA)

19- A l’issue de chaque Assemblée plénière, les évêques de la CEC rappellent la Doctrine sociale de l’Eglise et dénoncent ce qui va à son encontre à travers messages et déclarations. Ces adresses sont des enseignements dont la numérisation et la vulgarisation s’imposent.
En outre, l’Intelligence artificielle (IA), comme les autres technologies de l’information et de la communication (TIC), apporte des innovations qui améliorent le quotidien de l’humain autant sur le plan de la santé, de la recherche documentaire, de l’imagerie que de la recherche scientifique. Cependant, les fidèles du Christ sont appelés à être prudents face à la mauvaise utilisation de l’IA qui peut générer des conséquences contraires aux valeurs chrétiennes et à l’éthique.
Les chrétiens et surtout les jeunes doivent prendre la mesure des outils de leur temps, s’approprier ces technologies mais avec un esprit de fidèles avertis sur les dangers qui minent notre société et particulièrement la désinformation.
Les utilisateurs de l’IA doivent avoir un esprit de discernement face aux résultats des moteurs de recherche et autres logiciels interactifs. Ils sont appelés à utiliser leur propre jugement et confronter plusieurs sources pour trouver la bonne information et surtout la vérité. Les fidèles doivent rester vigilants.

E- EGLISE FAMILLE ET FORMATION

20- L’Église famille de Dieu en Afrique est évangélisatrice. Elle est aussi appelée à se laisser évangéliser. Elle a besoin d’écouter sans cesse ce qu’elle doit croire, ses raisons d’espérer, le commandement nouveau de l’amour. Malheureusement, constate le Synode, la formation à la foi est trop souvent restée au stade élémentaire, et les nouveaux mouvements religieux mettent facilement à profit cette ignorance (cf. EA no 76).

21- Et pourtant, la Déclaration sur l’Education Chrétienne du Concile Œcuménique Vatican II affirme: «à ses enfants, l’Église est donc tenue, comme Mère, d’assurer l’éducation qui inspirera toute leur vie de l’esprit du Christ ; en même temps, elle s’offre à travailler avec tous les hommes pour promouvoir la personne humaine dans sa perfection, ainsi que pour assurer le bien de la société terrestre et la construction d’un monde toujours plus humain». Dans cette perspective, Émile Cardinal BIAYENDA, dans «L’éducation c’est affaire de tous», atteste que: «Tous, nous devons être persuadés de deux choses : il faut se mettre au travail tout de suite ; remettre au lendemain n’est pas digne d’un homme .»

22- Il est toujours urgent de sauvegarder et de protéger la famille. «C’est au sein de la famille que naissent les citoyens et c’est dans la famille qu’ils font le premier apprentissage des vertus sociales qui sont pour la société l’âme de sa vie et de son développement (…). La famille s’ouvre aux autres familles et à la société et remplit son rôle social.» Les clercs, les hommes politiques, les fonctionnaires, et même les délinquants viennent tous d’une cellule familiale.

F- Eglise Famille de Dieu et le phénomène des « bébés noirs »

23- À l’issue de la 27ème Assemblée Plénière de la Conférence Episcopale du Congo, sur le thème : «Jeunesse congolaise et identité chrétienne», Nous exhortions qu’on «donne aux jeunes des principes de vie spirituelle et morale qui les aideraient plus tard à se conduire par eux-mêmes». Le phénomène «bébés noirs» exige beaucoup plus d’attention. L’État, la famille et l’Église sont appelés à la convergence des responsabilités pour l’éradication définitive de ce phénomène. Et pour faire face au phénomène «bébés noirs», il faut dispenser une éducation qui s’appuie sur la récupération, la rééducation et l’insertion. Face à ce phénomène, Monseigneur Anatole Milandou observait : «nous sommes directement concernés et touchés dans notre chair et dans notre exercice de responsable […]. Le dossier de la jeunesse nous interpelle au plus haut point. Actrice et victime, la jeunesse est la tranche d’âge qui subit le plus les atrocités […]. Elle doit donc être l’objet de nos priorités .»

G- Eglise Famille de Dieu et la communauté politique

24- Cellule de base de la société, c’est au sein de la famille que sont inculquées, dès les premières années de la vie, les valeurs morales qui transmettent le patrimoine spirituel de la communauté religieuse et le patrimoine culturel de la nation. C’est en elle que l’on fait l’apprentissage des responsabilités sociales et de la solidarité . L’Eglise en République du Congo et la communauté politique congolaise dans leurs missions spécifiques convergent toutes les deux vers un idéal commun : le service de l’homme.

25- Les enjeux présentés par l’Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa demeurent d’actualité. Toutefois, la mise en œuvre effective sur le champ pastoral de l’Eglise particulière du Congo demande encore beaucoup d’engagements :
– Réaffirmer l’exigence éthique : être les premiers à incarner la justice et la bonne gouvernance au sein de nos structures ecclésiales, pour être crédibles lorsque nous interpellons la société.
– Investir pour plus d’autonomie : nous engager à travailler résolument sur l’auto prise en charge économique de nos communautés, pour que l’Eglise Famille de Dieu puisse se prendre en charge.
– Prioriser réellement l’enfance et la jeunesse : accompagner nos enfants et nos jeunes avec une espérance renforcée, leur offrant un chemin de sainteté et des cadres solides de formation débouchant sur une insertion professionnelle, car ils sont non seulement l’avenir mais aussi le présent de l’Eglise et de la Nation.

IV. EXHORTATIONS ET APPELS

26- Conscients de notre mission de raviver et de vivre notre véritable identité en tant qu’Église Famille de Dieu , et convaincus que «L’avenir du monde et de l’Église passe par la famille», Nous, Évêques du Congo, vos Pasteurs, vous adressons ces exhortations et appels, en vue d’approfondir les chemins d’évangélisation et du témoignage ouverts par Ecclesia in Africa.

A- AUX OUVRIERS APOSTOLIQUES: DIACRES, PRETRES, PERSONNES CONSACREES ET CATECHISTES

27- L’Église est voulue et instituée par Dieu. Elle est une véritable famille dans laquelle Dieu agit et instaure la fraternité. Elle est convoquée par la Parole et rassemble des filles et fils d’un même Père, des enfants adoptifs, élus et sauvés par le Fils Bien-Aimé, le Christ Notre Seigneur, des fidèles animés et guidés par l’Esprit Saint, en vue de vivre dans l’unité et la communion.
En proclamant le commandement nouveau, le commandement de l’amour donné par le Seigneur Jésus-Christ (cf. Jean 13, 31-35), vous êtes appelés à «promouvoir dans la justice et la paix véritable, l’authentique croissance de l’homme» Ce qui illustre la mission prophétique de l’Église et enrichit l’option préférentielle pour les pauvres, les vulnérables, les marginalisés, les laissés-pour-compte.

B- AUX FORMATRICES ET FORMATEURS

28- Vous êtes engagés dans l’accompagnement des futurs candidats au sacerdoce ou à la vie religieuse. Ce monde de la formation comporte beaucoup de défis, notamment celui du discernement rigoureux du séminariste ou de la novice. Il est nécessaire de vérifier à l’avance si les motivations des jeunes correspondent aux exigences du sacerdoce ou de la vie religieuse.
En même temps que nous vous encourageons et vous témoignons de notre sollicitude pastorale, nous vous exhortons à bien vérifier la disponibilité des jeunes à vivre les conseils évangéliques dans un esprit de soumission totale à Dieu, à évaluer leurs aptitudes à la vie religieuse : bonne santé, absence d’engagements incompatibles, disposition à se laisser former.

29- Soyez vous-mêmes des formateurs et formatrices par l’exemple, appelés à être des modèles pour ceux qui sont placés sous votre charge. A ce propos, le Pape Paul VI rappelait que «l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maitres (…) ou s’il écoute les maitres, c’est parce qu’ils sont témoins .»

Enfin, aidez les jeunes à la culture de la simplicité, à l’auto prise en charge, à la solidarité africaine et à la générosité comme des facteurs déterminants d’autonomie pour mieux vivre les vertus évangéliques. La particularité́ d’une bonne formation requiert, entre autres, de les préparer à être capables de se situer, d’une manière créatrice, dans les expériences majeures et les situations qui donnent sens à leur contexte de vie.

C- AUX SEMINARISTES ET AUX NOVICES

30- Vous avez reçu l’appel de Dieu dans des circonstances particulières pour être configurés au Christ Bon Pasteur. Apprenez donc à vivre les quatre (4) proximités préconisées par le Pape François :

– Proximité avec Dieu dans la prière pour être témoins de la joie de l’Évangile.
– Proximité avec l’Évêque et l’autorité compétente par les vertus de respect et d’obéissance, comme lien de communion.
– Proximité entre vous. Votre relation de futur prêtre ou de futur(e) religieux(se) est appelée à être fraternelle comme condition fondamentale de toute formation.
– Proximité avec le peuple de Dieu. Votre formation doit créer des relations fraternelles et de co-responsabilité avec les laïcs, en vertu des charismes de chacun. Soyez attentifs à l’utilisation éthique des technologies modernes (Facebook, WhatsApp, Tik Tok…) pour préserver la vérité, la confidentialité et le droit à la vie privée.

Dans un monde de plus en plus exigeant, nous vous invitons à une formation authentique et intégrale (humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale), efficace et crédible qui fera de vous des serviteurs (ou des servantes) de Dieu, spirituellement solides, humainement éprouvé(e)s, intellectuellement bien formé(e)s et pastoralement crédibles et disponibles.

D- AUX EDUCATRICES
ET EDUCATEURS

31- De nos jours, la violence juvénile est de plus en plus préoccupante. Elle apparait à la fois comme un mode d’expression du mal-être, du mal-vivre, un mode d’affirmation de soi et un mode d’action. Derrière le plus violent se cache souvent le plus souffrant. Un jeune équilibré, avec une vision précise de son avenir utilisera difficilement la violence comme mode d’expression.

32- Aussi, nous vous exhortons à prévenir la violence par une véritable pastorale de proximité et une politique de prise en charge, qui favorisent les activités intellectuelles, culturelles et sportives. Voilà pourquoi Don Bosco insistait vivement sur les espaces d’écoute et d’accompagnement, de musique, de théâtre, de danse, et autres expressions d’épanouissement. Cette prise en charge passerait aussi, par la valorisation du jeune lui-même, à partir de la reconnaissance de ses propres talents et par l’élaboration d’une véritable politique de mise en place des sanctions éducatives et médicinales.

33- La mise en œuvre d’une bonne politique éducative doit véritablement être l’affaire de tous : ouvriers apostoliques, autorités civiles et politiques, parents, enseignants et simples citoyens. Il convient de reconnaitre notre part de responsabilité dans cette montée de la violence chez les jeunes. C’est tous ensemble qu’il nous faut relever le défi éducatif. Il y a urgence ! Comme dit le proverbe africain: «Il faut tout un village pour éduquer un enfant. »

E- AUX ENFANTS ET AUX JEUNES

34- Dans nos exhortations, nous vous accordons toujours une place de choix: «(…) Vous êtes porteurs de cette nouvelle espérance qui se veut communion, participation et mission. Nous, vos Pères Évêques, (…) nous voulons vous pousser vers un élan missionnaire, vous inviter à être des bâtisseurs de notre Église» et de notre société. Ne vous laissez pas distraire, ni séduire par les mirages et les illusions de la modernité. Soyez des jeunes enracinés dans la foi chrétienne, des jeunes qui se situent à contre-courant de faux cultes à la jeunesse, du leurre de l’apparence, de la vie superficielle en proie à la drogue et au banditisme. Méfiez-vous de la réussite facile. Avec Nous, devenez les évangélisateurs de votre milieu de vie: «Nous voulons avec vous une Église où chacun trouve davantage sa place et son rôle, sans convoitise, sans rivalités et sans écrasement. Sachez donc que vous avez votre rôle à jouer dans l’Église et dans la société et que nous sommes avec vous et parmi vous comme Pères et Pasteurs (cf. Jean 10, 11-17) . »

F- AUX MOUVEMENTS D’APOSTOLAT

35- Les Mouvements d’apostolat sont appelés à porter une parole prophétique, lucide et enracinée dans l’Évangile, capable d’éclairer les enjeux sociaux et politiques sans compromission ni parti pris. Nous vous exhortons à incarner l’image de l’Église Famille de Dieu par la solidarité, la réconciliation et la fraternité, à l’image de la première communauté chrétienne : «Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières… et le Seigneur ajoutait chaque jour à leur communauté ceux qui étaient sauvés» (Ac 2, 42-47).

La conversion spirituelle et organisationnelle n’est pas facultative. Par conséquent, renoncez à l’improvisation, structurez vos actions autour de priorités claires et rendez compte avec transparence. Faites tout par amour et dans la droiture, car la mission ecclésiale requiert des serviteurs zélés, formés et fidèles, une gestion rigoureuse et une coordination effective avec les paroisses et les diocèses. Que votre foi devienne culture. Une foi qui n’est pas culture, n’est pas réellement accueillie, totalement pensée et fidèlement vécue .

G- AUX FIDELES LAÏCS

36- Dans l’œuvre évangélisatrice que nous propose Ecclesia in Africa, une place importante est accordée aux Fidèles laïcs pour faire de la gestion de la cité humaine un champ d’apostolat et de tous les citoyens, des artisans de paix et de justice.
Nous vous invitons à vous engager davantage dans l’Église et dans la société . Pour ce faire, continuez à vous former, prenez de plus en plus conscience de votre place incontournable dans le monde de ce temps, honorez sans cesse «votre mission de baptisés et de confirmés», suivant les fondements bibliques et l’enseignement du Magistère de l’Église : «La tâche du fidèle laïc (…) est d’être le sel de la terre et la lumière du monde dans le quotidien de la vie.»

H- AUX AUTORITES PUBLIQUES

37- Le Congo, notre pays, par la signature de l’Accord-cadre avec le Saint-Siège sur les relations entre l’Etat et l’Eglise catholique a explicitement intégré le principe de la « laïcité constructive et inclusive » pour valoriser l’apport positif de la religion dans la sphère publique, ainsi que les bienfaits qui en découlent pour le bien de tous. «L’Église tient en grande considération et estime l’activité de ceux qui se consacrent au bien de la chose publique et en assurent les charges pour le service de tous.» Nous vous exhortons à faire de votre engagement politique une mission de charité. «Les Pères du Synode furent unanimes à reconnaître que le plus grand défi pour réaliser la justice et la paix en Afrique consiste à bien gérer les affaires publiques dans les deux domaines connexes de la politique et de l’économie.» Ayez à cœur de travailler pour le bien commun.

I- AUX FEMMES ET HOMMES DE BONNE VOLONTE

38- À celles et ceux pour qui ce pays compte et qui comptent sur ce pays, que la paix promise aux femmes et hommes de bonne volonté (Cf. Lc 2,14) demeure pour vous une priorité. C’est en se sentant membres de la même famille humaine que le bien commun primera sur les intérêts personnels.

Nous vous disons que le Christ est Seigneur et Dieu. Il est indispensable ; sans Lui nous ne pouvons rien faire (Jn 15,5). Nous vous exhortons à vivre de Lui, par Lui, avec Lui et à promouvoir avec nous «l’attention à l’autre, la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance» pour bâtir ensemble une «société famille», juste et fraternelle.

VIII – CONCLUSION

39- Au terme de ce message, Nous vous assurons que l’Eglise Famille de Dieu qui est en République du Congo est soucieuse de voir se développer une société fraternelle et paisible, reposant sur la justice et la solidarité. La question sociale est au cœur de notre réflexion et de notre action. L’évangélisation qui est la mission innée de l’Eglise ne peut être dissociée de la promotion de la famille et de la dignité de la personne. Puissions-nous être dans le monde de ce temps «des messagers et des bâtisseurs de l’espérance .»

Que la Bienheureuse Vierge Marie, Notre Dame du Congo, Notre Dame du Rosaire, intercède pour l’Eglise Famille qui est au Congo et ravive en nous la foi, l’espérance et la charité, en ce mois qui lui est consacré et en cette année pastorale 2025-2026.

Fait à Brazzaville,
le 19 octobre 2025

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