Les conclusions du rapport de l’autopsie réalisée sur les corps inertes trouvés dans les geôles du commandement territorial des forces de police de Brazzaville, anciennement connu sous le nom de commissariat central, au début du mois de novembre dernier, révèlent que leur mort est la conséquence des sévices des policiers. Ces conclusions ont fait l’objet d’une conférence de presse mercredi 8 décembre 2021, au siège du Centre d’actions pour le développement (CAD), à Brazzaville. Elle a été donnée par Trésor Chardon Nzila Kendet, directeur exécutif de cette organisation, en présence des parents des victimes.
Les conditions de détention dans les geôles de l’ex-commissariat central sont la cause des décès de ces Congolais. La découverte des corps a suscité des polémiques qui ont poussé à connaître les vraies causes de leurs décès. C’est pourquoi, il a été fait recours à la médecine pour établir la vérité. Et, le rapport détaillé intitulé «Sois forte, ce sont des choses qui arrivent» a été produit à cet effet, a dit Trésor Chardon Nzila Kendet. Toutefois, les autorités n’ont enclenché aucune enquête effective, indépendante et impartiale permettant de faire la lumière de ce drame, d’identifier les auteurs, les responsables et de les poursuivre en justice. Le Gouvernement s’est contenté de dire que «ces décès intervenus sont accidentels et sont probablement liés à la surpopulation carcérale», a révélé le conférencier, avant d’ajouter que «pour mettre fin à la polémique suscitée par les révélations faites à ce sujet, le CAD et les familles des victimes ont fait recours à un médecin légiste. Les quatre corps sans vie de Keurty Eleck Brandon, Pernel Guillano Loubaki, Hyppolyte Dokouro Guira et Arnaud Embouet Mondzola identifiés, pour l’heure, ont été autopsiés. Et, les conclusions de l’autopsie indiquent clairement que les causes du décès sont l’usage des coups et blessures volontaires, a affirmé le directeur executif du CAD. Au regard de la gravité de cette affaire, mais aussi de la récurrence des décès en détention, le CAD a formulé des recommandations dans ce rapport.
Au Gouvernement, il demande, entre autres, dans l’immédiat, de présenter des excuses aux familles des victimes, de prendre en charge tous les frais liés aux obsèques et de décréter des mesures sociales d’accompagnement au profit des familles.
A court terme, le Gouvernement doit veiller à ce que le décret n°2016-380, portant remise totale ou partielle de peines soit réellement et pleinement appliqué. Il doit mettre en place, le plus vite possible, une inspection indépendante des prisons et d’autres lieux de privation de liberté.

Philippe BANZ