Composée des Eglises catholique et protestante, une délégation de médiateurs a été reçue, mercredi 12 février à Goma, par Corneille Nangaa, le coordinateur de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) dont fait partie le M23. Après Kinshasa, les religieux ont poursuivi leurs consultations pour un pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs, dans la ville désormais en grande partie contrôlée par le groupe armé soutenu par l’armée rwandaise.
eille Nangaa avait reçu favorablement l’initiative des religieux dont il s’était dit prêt à écouter les requêtes et propositions. A cette occasion, les deux parties ont également pu évoquer des sujets les plus sensibles du moment. Parmi eux a figuré notamment la question de la date de réouverture de l’aéroport de Goma fermé depuis l’offensive du M23 sur la ville à la fin du mois de janvier. L’AFC, le M23 se sont montrés très ferme à ce propos, alléguant que l’aéroport ne sera rouvert à cause de nombreuses mines présentes sur le site, a affirmé la rébellion qui a exigé en outre le retrait des Forces sud-africaines.
S’agissant du nombre de victimes de l’offensive lancée depuis le début de l’année au Nord-Kivu, un autre point qui a compté parmi les plus délicats, l’Alliance de Corneille Nangaa a promis de publier un livre blanc pour clarifier ces chiffres. D’après l’AFC, elle n’a fait que 400 morts parmi les civils jusqu’à présent alors que l’ONU évoque le chiffre de 300 victimes. Composée des figures importantes des deux principales confessions religieuses de RDC, la délégation des Eglises catholique et protestante était composée, côté catholique, du président et du secrétaire général de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO), Mgr Fulgence Muteba Mugalu et Mgr Donatien Nshole, ainsi que de l’évêque de Goma, Mgr Willy Ngumbi. Côté protestant, faisaient partie de la délégation, le révérend André Gédéon Bokundoa, représentant légal de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), et son porte-parole, le pasteur Eric Nsenga.
Arrivés avec des demandes claires : cessation des hostilités et arrêt de l’avancée du M23 vers Bukavu, protection des civils, ouverture d’un canal de dialogue et la volonté d’écouter et de comprendre les revendications de leur interlocuteur, les chefs religieux se sont dits satisfaits de la rencontre. Assurant avoir reçu un accueil positif de l’AFC-M23 qui a pu expliquer les raisons de son action. Les échanges ont-ils affirmés, ont permis de dégager une convergence de vue sur la nécessité d’instaurer la paix. Ils ont aussi été l’occasion de relayer les craintes de balkanisation du pays et de l’exploitation illégale des ressources de l’Est de la RDC. A l’arrivée, ils ont également et, surtout, renforcé la conviction des religieux que de nombreux problèmes pourraient être résolus si les Congolais s’asseyaient autour d’une table pour discuter, «car la solution à la crise, n’est pas militaire», pnt affirmé les confessions religieuses.
Après sa rencontre avec le Président Félix Tshisekedi et des figures de l’opposition congolaise dans la capitale, la délégation religieuse, qui n’effectue qu’une mission d’écoute, prévoit de poursuivre ses consultations dans d’autres provinces de la RDC, puis à l’étranger, avant de regagner Kinshasa pour dresser un premier bilan de son initiative qui ne fait cependant pas l’unanimité dans la classe politique. Entre temps, cette médiation n’a pas empêché le M23 soutenu par l’armée rwandaise de prendre le contrôle de Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu.
A.-P. MASSAMBA