Face à la menace du coronavirus, le Gouvernement congolais, en collaboration avec l’ambassade de Chine au Congo, a organisé le lundi dernier une conférence de presse au ministère de Affaires étrangères. Elle était co-animée par les ministres Jacqueline Lydia Mikolo, de la Santé; Bruno Jean Richard Itoua, de l’Enseignement supérieur, et Ma Fulin, ambassadeur de la République populaire de Chine en République du Congo.

La conférence a consisté à apporter des informations sur l’évolution de l’épidémie, dans le cadre de la stratégie de communication gouvernementale, mais également de porter un démenti sur les rumeurs qui circulent sur la toile à propos d’un ras-le-bol des étudiants congolais qui désirent rentrer au pays.
Le ministre de l’Enseignement supérieur a expliqué que les étudiants congolais ont suffisamment de ressources financières pour faire face aux questions de vie au quotidien. Pour couper court à la rumeur, Bruno Jean Richard Itoua a rassuré que le virement de 200 millions de Francs Cfa a été bel et bien effectué. «Nous prenons toutes les dispositions pour que les problèmes qui peuvent être réglés grâce à ces ressources le soient en fonction», a-t-il affirmé.
Pour le ministre, la situation des étudiants congolais en Chine est suivie de très près. «Nous avons mis en place au niveau du ministère une mini cellule de crise. Nous nous réunissons plusieurs fois dans la semaine en fonction des informations que nous pouvons recevoir et qui nécessitent qu’on se voie. Nous sommes en relation avec le ministère de la Santé», a-t-il fait savoir.
Il s’est par ailleurs insurgé contre un organe de presse international qu’il n’a pas cité et qui a publié des informations, selon lui, infondées sur la toile. Il s’agit en effet d’une interview réalisée avec un groupe d’étudiants congolais résidant en Chine. «Vous imaginez combien d’étudiants étrangers sont en Chine? Que s’est-il passé pour que les étudiants congolais soient choisis? Ce n’est pas le fruit du hasard. C’est étonnant», s’est-interrogé le ministre indigné.
Il a apporté un démenti. «Nous n’avons pas entendu ce cri d’alarme de la part de tous les étudiants qu’ils voulaient rentrer. Nous avons même reçu le message contraire qu’ils ne voulaient pas rentrer. Où est-ce qu’ils sont allés trouver des gens qui veulent rentrer? Où est-ce qu’ils sont allés trouver cet échantillon d’étudiants qui veut le contraire de ce que veut la majorité? Ça ressemble simplement à de la manipulation politique et à de l’instrumentalisation», a-t-il affirmé.
Jacqueline Lydia Mikolo a, quant à elle, rappelé qu’à ce jour aucun cas de coronavirus n’a été confirmé en Afrique. «Le cas suspect en Egypte s’est avéré négatif et aucun cas au Congo. Des cas que nous avons isolés, un seul cas d’ailleurs d’un étudiant, s’est avéré négatif. Il y avait un Congolais en Chine suspecté d’être atteint de COVIS 19, il a été pris en charge et il s’est avéré négatif. A ce jour, aucun Congolais n’est atteint du coronavirus, au Congo comme à l’étranger», a-t-elle précisé.
Elle a, par ailleurs, rassuré que toutes les dispositions ont été prises dès les premières heures. «Il y a une cellule de crise qui a été mise en place dès la première semaine du mois de janvier… Dès la mi-janvier, nous avons mis en place une cellule interministérielle. Nous avons procédé à la sensibilisation des agents de santé des autres sous-secteur. Nous avons doté les points d’entrée de tout le matériel nécessaire en ce qui concerne la surveillance et le suivi des personnes suspectes…Nous avons augmenté le nombre d’agents de santé dans les différents points d’entrée du pays», a indiqué Jacqueline Lydia Mikolo.
La ministre s’est félicitée de la collaboration entretenue avec l’ambassade de Chine pour toute la disponibilité dont Ma Fulin et toute son équipe ont fait montre depuis que l’épidémie s’est déclenchée.
Jacqueline Lydia Mikolo a réaffirmé la mesure de la mise en quarantaine de 14 jours des personnes qui viennent des pays à risque. «Jusqu’à maintenant, tout se passe très bien», a-t-elle estimé, tout en faisant une distinction entre un isolement et un confinement.
S’agissant des 8 chinois retirés du centre de quarantaine, la ministre s’est défendue. «Ce n’est pas l’ambassade de Chine qui les a retirés. Nous travaillons en parfaite collaboration avec l’ambassadeur et toute l’équipe de l’ambassade de la République populaire de Chine au Congo. Nous avons un partage quotidien d’informations. Ce travail que nous faisons ensemble a permis d’identifier et d’évaluer les centres ou les sites de confinement préparés par l’ambassade de Chine avec les équipes médicales qui sont les leur et nous appuient de manière à nous assurer que ce confinement est effectué dignement. Nous avons à Kintelé, 100 places et l’ambassade de Chine a mis à notre disposition à Brazzaville plus d’une dizaine de places. Ce qui nous permet de libérer certaines places à Kintélé et envoyer des personnes dans ces sites de confinement qui sont organisés au sein de certaines entreprises chinoises. Il y a des lieux que nous avons évalués avec toutes les équipes des experts congolais, de l’OMS et de la Chine et que nous trouvons conformes, et ces personnes ont été transférées dans ces centres de confirment. Ils ne sont pas dans la nature», a rassuré Jacqueline Lydia Mikolo.
L’ambassade de Chine a donné les informations sur l’évolution de l’épidémie en Chine qui semble être plus grave dans la Province de Rubei que dans d’autres où elle est relativement maîtrisée. Ma Fulin a indiqué qu’il n’existe pas encore de médicament spécifique contre le coronavirus.

Vingt-quatre pays ont confirmé qu’ils pouvaient effectuer des tests COVID-19

Vingt-quatre pays de la région africaine ont confirmé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) être en mesure d’effectuer des tests de dépistage de cas potentiels de COVID-19. Il y a deux semaines, seuls deux laboratoires de référence – un en Afrique du Sud et un autre au Sénégal – étaient capables de le faire. Le renforcement des capacités de dépistage sur l’ensemble du continent africain représente une étape importante dans les efforts de préparation au COVID-19.
Au début de l’épidémie, la grande majorité des laboratoires nationaux en Afrique ne disposaient pas des réactifs nécessaires aux tests. Comme le virus n’avait jamais été détecté chez l’homme par le passé, il n’y avait pas de stock de réactifs préexistants pouvant être utilisés pour tester sa présence. Dès que la séquence génétique du virus a été publiée, les fabricants du monde entier se sont lancés dans une course contre la montre pour produire des réactifs.
«Il est crucial que les pays d’Afrique soient autosuffisants en ce qui concerne le test COVID-19, étant donné les énormes difficultés que beaucoup rencontrent pour expédier des échantillons à travers l’Afrique ou, dans certains cas, au-delà», a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Et d’ajouter: «La forte demande mondiale de kits de dépistage fiables et précis a mis à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement et provoqué des goulots d’étranglement dans la production et la livraison. Toutefois, ces difficultés sont en train d’être surmontées».

Cyr Armel
YABBAT-NGO