Rien ne va plus au sein de la Convention des partis républicains (COPAR). A la veille de la campagne des présidentielles des 17 et 21 mars prochains, une crêpe s’est formée en son sein. Le Parti républicain et libéral (PRL) d’Antoine Thomas Nicéphore Fylla Saint-Eudes, le coordonnateur de la plateforme, a porté son soutien à la candidature de Denis Sassou-Nguesso. Alors que son groupement politique a toujours défendu bec et ongles son ancrage à l’opposition.

A en croire le climat actuel qui règne au sein de ce groupement politique, on dirait que la COPAR entend souffler le chaud et le froid.
Constituée par quelques six partis politiques qui se disent de l’opposition, cette plateforme s’était donnée la mission d’assurer une alternance démocratique dans le pays.
Le PRL, principal parti politique du groupement, a donc décidé associer sa voix à celles des autres partis et leaders de l’opposition qui ont décidé de porter leur soutien à la candidature de Denis Sassou-Nguesso. «Je suis ministre du président Sassou depuis 5 ans. Je lui ai donné ma parole de travailler avec lui et il m’a gardé à ses côtés depuis 5 ans. Pensez-vous que je peux me battre contre lui ? Je refuse de porter le visage hideux de la trahison. Ainsi, au regard des défis de développement à relever dans le département du Pool, nous devons suivre le cours de l’eau, en soutenant le chef de l’Etat…», avait-il indiqué à Kinkala, le 26 février dernier.
Et d’ajouter: «Nous avions établi une alliance, mais nous voulons plutôt que celle-ci puisse continuer à exister afin de maintenir la paix dans le Pool. Elle a été établie grâce au président de la République de qui nous avions sollicité l’implication. Au temps chaud, j’ai vu le désarroi de la population du Pool. Sans la paix, rien ne peut exister et aucun développement ne peut être envisagé».
Le coordonnateur par intérim de la COPAR, Chris Antoine Walembaud, a salué la décision du président du PRL. «S’opposer pour s’opposer ne nous emmènera nulle part. Nous l’avions fait pendant 24 ans, aujourd’hui, qu’avons-nous de concret?», s’est-il interrogé.
Contrairement à l’élection présidentielle de 2016 où la COPAR avait présenté un candidat en la personne de Michel Mboussi-Ngouari, président du MNLC, elle a finalement décidé pour cette élection de 2021 de ne pas présenter de candidat parce que, semble-t-il, «aucune unanimité ne s’est dégagée autour des deux candidatures en lice: Bonaventure Boudzika et Chris Walembaud», indiquait son coordonnateur par intérim.
Pour lui, «le souci de la préservation de l’unité fonctionnelle et la cohésion politique de la Convention étant supérieur aux antagonismes circonstanciels et ponctuels et aux ambitions individuelles et dans l’intérêt d’une marche ordonnée et coordonnée de l’ensemble des camarades, nous avons estimé fructueux de ne pas présenter de candidat», a précisé Christ Walembaud.
La COPAR qui, pourtant, est un groupement de l’opposition, avait laissé entendre qu’elle attendait la divulgation des projets de société des différents candidats, afin de donner la consigne de vote qui se fera au profit de celui dont le programme se rapprochera le plus de la vision de cohésion et de développement de cette plateforme.
Bien avant, la COPAR avait claqué la porte de l’opposition politique qu’incarne Pascal Tsaty-Mabiala. Ses leaders ont affirmé qu’ils ne voulaient pas cautionner toute approche «de nivellement et de déni de ses luttes pour l’avènement d’une démocratie consensuelle assise sur une République fraternelle et solidaire».
Les partis de la COPAR se sont donc désengagés des conclusions arrêtées autour du chef de file de l’opposition lors de la rencontre du 13 juin 2018. A cette réunion, le PRL, le parti d’Antoine Thomas Nicéphore Fylla Saint Eudes et coordonnateur de la COPAR était absent. A l’origine, le refus de certains leaders de voir ce parti dont le président est membre du Gouvernement, siéger en même temps au sein de cette obédience d’opposition plurielle. Ces leaders se sont appuyés sur l’article 5 de la loi du 7 juillet 2017 portant statut du chef de file de l’opposition.
Une attitude que le président du PRL n’a pas du tout appréciée, d’où le clash. Ce débat avait déjà divisé les quelques responsables des partis présents à la rencontre organisée par Pascal Tsaty-Mabiala, au siège de l’UPADS, à Diata. La majorité s’était prononcée pour le strict respect de la loi, donc pour l’exclusion du PRL.
Justifiant leur désengagement, les partis de la COPAR ont commencé par mettre sur pied un cadre de concertation de l’opposition pour la consolidation de la démocratie. «Nous avons répondu régulièrement aux appels de travail du chef de file de l’opposition. Fort malheureusement, de ces rencontres initialement prévues pour le travail, dans un esprit de franche camaraderie qui devait animer les partis ayant répondu à ces appels, le milieu s’est transformé en un lieu théâtral où les uns et les autres se règlent des comptes politiciens sur fond émotionnel, assis sur une exploitation fantaisiste des textes de la loi nourrie d’une volonté d’exclusion», ont-ils expliqué dans une déclaration.
Pour les partis membres de la COPAR, l’interprétation de l’article 5 de la loi a donné lieu à une attitude assortie de toutes sortes de «passions émotionnelles qui ont laissé trahir le contenu inamical et hostile de quelques camarades de cette obédience à l’encontre d’autres, laissant de côté les vraies préoccupations qui devaient constituer la toile de fond d’une opposition à la recherche de ses marques», ont-ils poursuivi.
A noter que cette déclaration ne portait ni la signature ni ne mentionnait le parti de Michel Mbouissi-Ngouari, ancien candidat à la présidentielle de 2016. Il s’était désolidarisé de ses collègues, membres fondateurs de la COPAR, au milieu de ces tumultes et guerres de leadership.
En réponse aux partis de la COPAR qui s’étaient désolidarisés du chef de file de l’opposition congolaise, Pascal Tsaty-Mabiala, a reconnu leur liberté d’expression: «Nous leur signifions notre désapprobation de vouloir soulever l’émotion des Congolais en jouant les victimes». Il a rappelé que l’opposition n’était pas le pouvoir et que le pouvoir n’était pas l’opposition. «Est membre de notre bloc politique, tout parti ne participant pas à l’action du Gouvernement sauf en cas de Gouvernement d’Union nationale dont la mise en place est justifiée par le souci de régler toute crise susceptible d’entamer gravement le fonctionnement de l’Etat. Or, à ce jour, notre Gouvernement est l’émanation exclusive du président de la République et les ministres sont solidaires de son action politique».
Devant cette évidence, la COPAR n’avait eu de choix que de claquer la porte de l’opposition politique et d’évoluer en cavalier solitaire. Déjà, l’ancrage de cette plateforme était boudé au sein de la famille de l’opposition. Avec le choix fait par le PRL de soutenir le candidat du pouvoir, la COPAR dont Nick Fylla est le coordonnateur, pouvait-elle toujours s’afficher comme un groupement de l’opposition? Aujourd’hui en son sein, les langues se délient et les positions sont divergentes. Ce qui pourrait conduire à un éclatement de la plateforme si l’on n’y prend garde.

KAUD