Six mois après son apparition, l’épidémie de COVID-19 gagne du terrain au Congo qui a franchi le seuil des 5000 cas positifs répertoriés et de 89 décès. Une statistique peu encourageante malgré un nombre de cas guéris qui s’élève à 3995. Réunie pour la huitième fois le 25 septembre 2020 par visioconférence, sous l’autorité du président de la République, la Coordination nationale de gestion de la pandémie de COVID-19 a adopté des mesures nouvelles et reconduit quelques anciennes qui sont loin de faire l’unanimité au sein des populations des deux grandes villes du pays: Brazzaville et Pointe-Noire. Tout comme, elle ne s’est pas exprimé sur la gestion du transport en commun à la veille de la rentrée des classes prévue pour le 12 octobre prochain.

Parmi les mesures nouvelles figurent, l’autorisation des entraînements des équipes sportives et les rencontres nationales sans public ainsi que les matchs internationaux; l’ouverture des marchés domaniaux pendant cinq jours dans la semaine (lundi, mardi, jeudi, vendredi et samedi) pour les villes de Brazzaville et de Pointe-Noire. Pour les autres départements, elle est fixée à six jours; la levée du couvre-feu dans les dix départements de l’intérieur du pays. Par contre, il est réaménagé à Brazzaville et à Pointe-Noire où il s’appliquera désormais de 23 heures à 5 heures du matin.
Ce qui n’est pas du goût des populations de ces deux villes qui s’interrogent sur la nécessité de maintenir cette disposition. Certes, on dénombre le plus grand nombre de cas positifs dans ces villes, mais il est en net recul. Aucun de ces deux villes ne compte plus de 800 cas. Le pays n’a plus que 1090 cas suivis rétablis entre plusieurs départements.
La situation épidémiologique s’est améliorée considérablement. A son actif, la prise de conscience de la population ou le manque de test? En tout cas, les populations souhaiteraient voir le couvre-feu levé sur l’ensemble du territoire national, surtout à la veille de la rentrée scolaire fixée pour le 12 octobre prochain. La coordination a passé sous silence la problématique du transport en commun. En effet, il est fait obligation dans le cadre des mesures barrières de respecter la distanciation physique. Pour cela, les bus et taxis ont l’obligation de ne transporter qu’un nombre réduit de passagers.

Jean Richard Bruno Itoua
Bruno Jean-Richard Itoua

Or, il faut craindre de voir d’énormes files d’attente aux arrêts de bus et, surtout, l’expansion du phénomène des demi-terrains qui ont fait leur preuve pendant la période de confinement ou la course s’élevait à 1000 F.Cfa. Une pratique non autorisée pourtant par les autorités municipales. D’où une implication rigoureuse de la Force publique.
Des bousculades pourront être observées au mépris des mesures sanitaires. L’heure presse. La plupart des bus de la STPU sont en arrêt. Ceux existant ne pourront répondre aux attentes non seulement des élèves et étudiants, mais aussi de la population dans son quotidien.
Le pire est donc à craindre. En réalité, si les choses restent en l’état, les arrêts de bus ne se transformeraient-ils pas en des lieux de contamination du virus?
A noter que la Coordination nationale a, au cours de cette réunion, reconduit certaines mesures telles que la prorogation de l’état d’urgence sanitaire pour une nouvelle période de vingt jours, à compter du 28 septembre 2020; l’interdiction des promenades en groupe de plus de trois personnes sur les voies et espaces publics notamment la corniche et les alentours des stades de Brazzaville ainsi que les bords de l’océan atlantique à Pointe-Noire et dans le Kouilou; l’interdiction de l’installation sur la voie et les espaces publics de chapiteaux destinés à accueillir les personnes, etc.

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Nicephore Fylla de Saint-Eudes

Pour le commun des mortels, interdire les promenades en groupe de plus de trois personnes sur les voies et espaces publics, revient à dire qu’il faudrait aussi revoir le nombre des passagers dans les transports en commun, dans les églises, les marchés où les écoles. Quatre personnes peuvent marcher ensemble tout en respectant les gestes barrières.
En plus, maintenir l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, renvoie à la problématique de la reprise des cours dans les écoles et à l’Université où les effectifs sont pléthoriques. Comment fonctionneront les écoles ou les facultés?
Les facultés comptent plus de 1000 étudiants par niveau. Des écoles professionnelles regorgent de salles de plus de 200 apprenants, tout comme certaines classes dans le primaire et le secondaire d’enseignement général. Comment répartir ces salles avec une moyenne de 50 élèves ou étudiants? Pour combien d’heures par semaine? La disponibilité des enseignants et, surtout, des vacataires qui ne sont pas déjà payés est-elle acquise? Comment s’effectueront les cours par rotation des vagues? Combien de vagues y aurait-il? Comment se passeront les récréations? Les apprenants resteraient-ils dans leurs salles de classe ou braveraient-ils l’interdiction de la mesure de rassemblement de plus de 50 personnes pour se retrouver dans les cours à jouer? Ces questions et d’autres annoncent une rentrée difficile pour le moins.
Cyr Armel
YABBAT-NGO