L’irrégularité dans le paiement de la prime exceptionnelle promise par le Gouvernement pour encourager les personnels de santé au front contre l’épidémie de COVID-19 pourrait bientôt être à l’origine d’une grève par ses bénéficiaires qui ne cachent plus leur impatience.

Le Gouvernement Mouamba pourrait être amené à gérer sa première grève, si des garanties ne sont pas données aux personnels de santé censés toucher ce qu’on pourrait appeler indemnité COVID-19. Annoncée le 10 avril dernier lors de la réunion inaugurale de la Coordination nationale de gestion de la pandémie à coronavirus, cette prime spéciale supposée exprimer la «reconnaissance» de la nation vis-à-vis des professionnels en première ligne contre la COVID-19 serait payée en dents de scie.
Or, pour les concernés, deux ou trois, voire quatre mois de retard, ça fait beaucoup par les temps qui courent. Et certains bénéficiaires ne cachent pas leur impatience au point que le projet d’abandonner les patients sans soins est désormais évoqué dans les déclarations, notamment à la clinique municipale Albert Léyono de Brazzaville qui fait partie des hôpitaux réquisitionnés par le Gouvernement pour l’accueil des malades de COVID-19. Selon le docteur René Soussa, le coordonnateur de ce site, «les agents de la Coordination accusent 4 mois d’arriérés, et les autres personnels 2 mois». Certains doutent que ces arriérés soient payés dans un bref délai. «Seule la manière forte semble être comprise par le Gouvernement», se désolait un infirmier lors du mouvement d’humeur que ses collègues et lui ont organisé la semaine passée devant leur clinique, à Ouenzé. «Si c’est la grève qu’ils attendent pour verser nos primes, ils l’auront dans ce cas. C’est incompréhensible que des gens qui n’ont cessé de travailler nuit et jour contre cette maladie, alors que parmi eux certains ont été contaminés avec leurs familles, que la prime ne soit pas payée régulièrement», a repris un de ses collègues.
Ce sont, au total, 107 employés de la clinique Léyono qui réclament le paiement des arriérés de la prime spéciale. Leur mouvement d’humeur pourrait donner des idées à leurs collègues d’autres structures de prise en charge des malades du COVID-19.
En juillet dernier, flairant la grève, le ministre d’Etat Gilbert Ondongo, en sa qualité de président de la Task-Force, avait initié une rencontre avec le personnel de la clinique Albert Léyono pour tenter de le convaincre de ce que tout était mis en œuvre pour le paiement effectif de cette indemnité. A l’époque le président de la commission prise en charge, le docteur Alexis Elira Dokékias, avait affirmé que parmi les bénéficiaires figurent en principe des fonctionnaires, des médecins qui ne sont nulle part ainsi que des jeunes venant de finir leurs soutenances et des retraités «qui passent tout leur temps dans les structures de santé et prennent des risques»
Le retard dans le versement la prime promise par le Gouvernement interpelle, alors que la maladie est toujours active. Au 18 septembre, le pays a franchi les 5000 cas (5002 exactement), dont 3913 patients guéris et 89 décès. Qu’est ce qui bloque ?

G.-S.M.