La Banque postale du Congo n’y a vu que du feu. Cible des cybercriminels, elle a été victime d’un piratage informatique, lequel a abouti à la disparition de la somme astronomique de plus de 2 milliards de francs CFA en l’espace de quelques semaines, rapportent plusieurs bonnes sources. Comment? Par qui? Et pour le compte de qui ? L’opinion est suspendue aux révélations de l’enquête en cours.

Ce n’est pas le casse du siècle, mais l’affaire s’avère embarrassante pour les autorités du pays. Des «hackers» ont dérobé pas moins de 2 milliards de francs CFA sur des comptes ouverts à la Banque postale du Congo (BPC) dont le principal actionnaire est l’Etat (80% du capital). Leurs cibles étaient les comptes les plus fournis. D’après les bribes d’informations distillées par des canaux officieux, ils seraient parvenus à entrer dans le système informatique de l’institution financière pour se servir sans encombre «au moyen de cartes monétiques piratées aux codes quasiment identiques», affirme notre source. On dit que la somme délestée aurait pu grimper si la supercherie n’avait pas été levée à temps par «la Banque centrale qui a donné l’alerte, intriguée par l’avalanche des retraits…».
Une enquête est en cours. Elle est menée par les services de police habilités et aurait déjà permis d’arrêter 8 présumés malfrats, parmi lesquels des agents de la Banque postale considérés comme complices, et d’entendre le directeur général.
L’image de la Banque postale, jusque-là réputée sérieuse et prudente, a pris un méchant coup de griffe. Motus et bouches cousues du côté des responsables qui auraient été lents à réagir, puisqu’ils étaient alertés déjà sur la perméabilité de leur système informatique. S’ils ne sont pas coupables, ils n’en assument pas moins une part de responsabilité en tant que hauts dirigeants, et sont quelque peu fragilisés par cette perte sèche.
Selon les témoignages, le système informatique piraté de la Banque a été installé récemment par une société camerounaise. Et comme un présumé malfrat arrêté «à Pointe-Noire» serait de nationalité camerounaise, pour nombre de Congolais tous les diables sont venus du puissant voisin du Nord. «On exagère quand on les pointe du doigt. De toute façon, les cybercriminels étrangers ne pourraient être efficaces sans complicités. Il se peut que les acteurs soient des nationaux», estime un confrère.
En attendant que la justice, si elle est un jour saisie, tranche sur l’origine et la culpabilité du réel commanditaire, le casse perpétré à la Banque postale relance le débat sur la menace de la cybercriminalité. Quant aux clients de la banque, ils craignent les conséquences d’un éventuel préjudice.

Jean ZENGABIO