Depuis quelques années, les dirigeants de la planète évoquent abondamment la crise de la faim, doublée désormais de celle de la pandémie du coronavirus qui depuis deux ans handicape les Etats. A travers les pays, la question de la faim est abordée en se souciant de la sécurité alimentaire, que les dirigeants et les institutions doivent garantir à leurs peuples. Devant ce fléau, le Pape François a déclaré que la faim dans le monde est un crime contre l’humanité.

Lors du pré-sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, qui s’est ouvert lundi 26 juillet 2021 à Rome, en Italie, le Pape a rappelé qu’il est du devoir de tous d’«éradiquer l’injustice» de la faim dans le monde par des politiques courageuses. Le message du Souverain pontife a été lu par Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats.
Défi, scandale, crime, injustice: telle est la définition que donne le Pape de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition à l’ère de la COVID-19. François s’est en effet adressé à António Guterres, secrétaire général des Nations unies, à l’occasion de cette rencontre mondiale, du lundi 26 au mercredi 28 juillet 2021 dans la capitale italienne. L’événement précède le sommet mondial qui se tiendra à New York, aux Etats-Unis d’Amérique, en septembre.
Il s’agit d’une «rencontre importante», écrit François, en particulier parce que «cette pandémie nous a confrontés aux injustices systémiques qui sapent notre unité en tant que famille humaine», notamment la pauvreté et les dommages infligés à la Terre, «notre maison commune», par «l’usage irresponsable et l’abus des biens que Dieu y a placés». C’est ainsi que le Pape appelle à un «changement radical». Pour lui, il ne suffit pas de miser sur la technologie pour augmenter la production de la planète, si le résultat est de «stériliser la nature», «en élargissant les déserts extérieurs et intérieurs, spirituel»; de même, il ne suffit pas de produire «assez de nourriture» si «beaucoup restent sans leur pain quotidien». Cet effort n’est pas suffisant, réitère François, car «cela constitue un véritable scandale, un crime qui viole les droits humains fondamentaux» et «une injustice» que chacun «a le devoir d’éradiquer par des actions concrètes, des bonnes pratiques et des politiques locales et internationales courageuses».
Le Souverain pontife suggère spécifiquement que tout d’abord, les systèmes alimentaires doivent être transformés de manière «prudente et correcte», afin qu’ils puissent être «écologiquement durables et respectueux des cultures locales». Leur objectif, en substance, devrait être «d’accroître la résilience, de renforcer les économies locales, d’améliorer la nutrition, de réduire le gaspillage alimentaire et de fournir des régimes alimentaires sains et accessibles à tous». Mais François prévient que le changement doit commencer de l’intérieur, car l’objectif de la «faim zéro» n’est pas atteint par la simple production alimentaire, mais «par une nouvelle mentalité, une approche holistique et la conception de systèmes alimentaires qui protègent la Terre et gardent, au centre, la dignité de la personne humaine».
Le Saint-Père pense qu’il faut assurer une alimentation suffisante «au niveau mondial et promouvoir un travail décent au niveau local» afin de pouvoir nourrir le monde d’aujourd’hui «sans compromettre l’avenir». Egalement, son message prend en compte des aspects essentiels liés à la restauration de la centralité du secteur rural et l’urgence pour «le secteur agricole de retrouver un rôle prioritaire dans les décisions politiques et économiques», surtout dans la phase post-pandémique. Le rêve du Pape est celui de voir que chacun ait «la responsabilité de réaliser», «un monde dans lequel le pain, l’eau, les médicaments et le travail coulent en abondance et atteignent d’abord les plus pauvres».
De leur côté, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont présenté lundi 5 juillet 2021, l’édition 2021 des Perspectives agricoles. Celle-ci révèle leurs projections annuelles conjointes à moyen terme des marchés des principaux produits agricoles de base, des biocarburants et des produits halieutiques et aquacoles.
Les deux organisations proposent une évaluation des évolutions possibles des marchés nationaux, régionaux et mondiaux des produits agricoles durant la prochaine décennie (2021 à 2030). Le rapport des deux institutions a été présenté par Qu Dongyu, directeur général de la FAO et Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE.

Aristide Ghislain NGOUMA