A l’initiative du Président congolais Denis Sassou-Nguesso, il s’est tenu à Brazzaville le 30 janvier dernier, la 8e réunion du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye. Elle a réuni les Chefs d’Etat mauritanien Mohamed Ould El-Ghazaouani et djiboutien Ismaël Omar Guelleh, le Premier ministre algérien Abdelaziz Djerad, le président du Conseil présidentiel et Premier ministre libyen, Fayez Al-Saraj, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ainsi que plusieurs acteurs de la crise libyenne, les représentants des pays africains membres du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine, les représentants des Etats sahélo-sahariens, les partenaires internationaux sur le dossier libyen, notamment l’Allemagne, l’Italie, la France et les Nations Unies. Mais point de maréchal Haftar, protagoniste de poids de la situation libyenne.

La rencontre de Kintelé s’est tenue à la suite de la conférence internationale de Berlin sur la paix en Libye et à quelques jours de la 33e session de la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements de l’U.A, prévue à Addis-Abeba, en Ethiopie.
Elle s’inscrit dans le cadre des actions menées par l’Afrique en vue du règlement du conflit libyen. Ces assises vont permettre d’actualiser la feuille de route de l’U.A sur la Libye, en ce qui concerne notamment la mise en place du Comité préparatoire et du comité de facilitation ainsi que la définition des modalités d’organisation du Forum de réconciliation nationale inter-libyen, inclusif, préalable au déroulement des élections libres, crédibles et apaisées.
Pour le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en Libye, Ghassan Salamé, la situation en Libye n’est pas bonne, «elle s’est même dégradée». Il a condamné l’intervention directe étrangère. «C’est une guerre qui coûte chère à la Libye. La Libye se fait du tort à elle-même et pour les pays voisins. Il faut tout arrêter», a-t-il soutenu. Et d’ajouter: «La Libye a besoin de notre soutien. La Libye n’est pas une Libye de gaz ou de pétrole où les gens doivent se bagarrer», a-t-il indiqué.
Le président de la Commission de l’U.A a salué les initiatives internationales de sortie de crise. Il a plaidé pour une solution politique négociée et non une solution militaire: «Les Libyens doivent prendre la responsabilité devant l’histoire de faire taire les armes. Nos énergies doivent être mobilisées pour faire taire définitivement les armes», a-t-il déclaré.
«La situation libyenne constitue une crise majeure pour la communauté internationale. Elle perdure à cause de l’intervention étrangère. L’U.A ne peut rester en dehors d’une solution durable en Libye», a précisé le président mauritanien Mohamed Ould El-Ghazaouani.
Pour lui, «l’Afrique doit être partie prenante dans la cherche de la paix en Libye. La communauté internationale doit trouver avec les Libyens une solution durable à la crise».
«C’est triste», a affirmé, quant à lui, le président Djiboutien Ismaël Omar Guelleh, en parlant de l’intervention étrangère en Libye. «Mais c’est une réalité. Les problèmes des Africains doivent être réglés par les Africains. Huit ans après le déclenchement de la crise libyenne, nous n’avons plus d’excuses», a-t-il ajouté.
Le premier ministre algérien a exhorté le Comité de haut niveau sur la Libye à trouver une solution à la crise. «L’Algérie ne ménagera aucun effort pour appuyer les efforts du Comité de haut niveau et des Nations Unies», a-t-il déclaré.
Le président du Comité de haut niveau de l’U.A sur la Libye, Denis Sassou-Nguesso, a réaffirmé la position de l’Afrique, essentiellement axée sur la tenue du Forum de réconciliation nationale inter-libyen. «Une solution politique ouvrirait la voie à une perspective de paix, non seulement en Libye, mais pour les autres Etats», a-t-il dit.
Il a rappelé que l’Afrique a reçu mandat, à Berlin, d’organiser le Forum inter-libyen en coordination avec les Nations Unies. «Notre devoir pour l’Afrique nous interpelle. Notre continent doit parler d’une voix», a-t-il affirmé.

Cyr Armel YABBAT-NGO