Le débat sur le calendrier de la principale compétition africaine de football continue d’être alimenté. Le président de la FIFA Gianni Infantino y est allé, à son tour, d’une proposition qui divise déjà le Continent. Le week-end dernier à Rabat, il a demandé à la Confédération adricaine de football (CAF) d’organiser la CAN tous les quatre ans. Une proposition diversement commentée et qui relance la problématique de l’autonomie de l’instance du football africain.
La grande messe du football africain ne connaît pas de répit depuis plusieurs années. En 2013, sur imposition de la FIFA, elle est passée des années paires pour celles impaires. Cela a semblé insuffisant et, en 2019, la CAN a été déplacée de janvier à juin. Un changement qui n’aura duré que le temps d’une édition puisqu’au cours de sa récente visite au Cameroun, le président de la CAF Ahmad Ahmad a annoncé que la CAN se jouera de nouveau entre janvier et février lors de l’édition 2021 qu’accueillera justement le Cameroun.
Pour le patron de la FIFA, celle-ci gagnerait à passer tous les quatre années. «Je propose d’organiser la Coupe d’Afrique des nations tous les quatre ans au lieu de tous les deux ans, pour la rendre plus commercialement viable et attrayante au niveau mondial». Ainsi s’est exprimé Gianni Infantino à Rabat.

Le foot-business prend le dessus

Et pour conforter sa proposition, Gianni Infantino déclare que les revenus de la CAN sont vingt fois moins importants que ceux de l’Euro. Il va plus loin en proposant un milliard de dollars pour que chacun des 54 pays africains puisse se doter d’un stade de classe internationale.
Mais, tout se passe comme si la FIFA oblige le continent africain à bouger, «faisant de celui-ci une victime de la mondialisation et des choix des multinationales», fait remarquer un analyste. Parce qu’en parlant d’une CAN tous les quatre ans et en voulant combler le manque à gagner par un investissement dans les infrastructures, le football féminin, des jeunes, des clubs et la professionnalisation du corps arbitral africain, c’est le foot business qui prend le dessus.
La proposition de Gianni Infantino va donc vers un autre bouleversement de la CAN. D’après de nombreux observateurs, cela remet au goût du jour la problématique de l’autonomie du football continental. Certains regrettent déjà Issa Hayatou, l’ancien président de la CAF. S’il était encore en poste, il aurait résisté et rejeté l’idée d’Infantino. Au nom de l’indépendance de son institution.
Jean ZENGABIO