Il est né dans l’archidiocèse de Brazzaville une commission pour la Pastorale de l’environnement. La commission est nouvelle, la pastorale pas du tout. L’Eglise s’est saisie de la question de l’environnement pour une contribution essentielle à une question dont les acteurs ne devraient pas être les seuls acteurs des problèmes d’écologie. Dès les origines, l’homme et l’environnement n’ont fait qu’un pour Dieu, le Créateur de toutes choses. Dès l’origine des temps aussi l’homme a été posté en gérant de cette création.
Le Pape François n’a fait que prolonger un magistère consolidé sur ces questions. D’autres Papes avant son puissant Laudato Si de 2015 ont adressé une invite pressante à l’homme de notre temps pour qu’il préserve le milieu dans lequel il vit. La «maison commune», la Terre, est unique. Il faut impérativement la préserver ; il n’y en a pas une autre de rechange, insiste le Souverain pontife. L’écologie est aujourd’hui à la Une des préoccupations d’une majorité de décideurs, les suspicions qu’elle nourrit sont récurrentes. Mais sous sa forme moderne, elle ne devrait pas être boudée par les hommes et femmes de foi.
Nos villes affichent les blessures infligées par la violence des éléments. L’Eglise, maîtresse en humanité, ne peut pas ignorer les angoisses que cela suscite. Ou tourner le dos aux interrogations sur la qualité de la vie, sur les conséquences sur l’environnement d’une activité qui court après le profit et saccage sans retenue. Que le chrétien soit un écologiste convaincu serait un bon début pour contrer les phénomènes des effets climatiques. Que croire en Dieu renouvelle en nous aussi la conscience que nous ne pouvons pas nous comporter sans responsabilité sur notre milieu.
Lutter contre les érosions, les éboulements, les ensablements et la violence des éléments sur notre habitat sont dans le devoir du croyant. Une nouvelle prise de conscience s’impose donc. Elle passe par la conviction que c’est l’action conjuguée de tous, pas seulement des seules autorités politiques et administratives, qui renforceront la résistance de nos lieux de vie aux forces dévastatrices de la nature. Cela passe, nous rappelle l’Eglise, par ce que nous faisons chaque jour dès la porte de notre maison.
Cela passe par la lutte de chacun contre les balafres que nous infligeons, parfois sans le savoir, à notre Terre, avec majuscule ou non. Creuser sans se soucier des conséquences en amont, jeter du plastic, y compris sur les parvis de nos paroisses un jour de fête, brûler de la brousse sans se soucier de limiter l’incendie aux seules «mauvaises» herbes, attendre que la voirie vienne récurer le caniveau devant chez nous, planter n’importe quelle variété d’arbres ou ne pas se joindre aux Journées de l’arbre, colmater les ravines par les souillures et les ordures ménagères, ne pas jeter celles-ci dans les poubelles appropriées : voilà qui devrait sonner comme non chrétien.
Nous sommes engagés dans une cause où il ne servirait pas à grand-chose de se préoccuper plus de distinctions que d’efficacité. Les images, lointaines ou proches, nous donnent à voir un monde en feu par ici, puis noyé sous des pluies torrentielles ailleurs quand d’autres zones, parfois sur le même continent, ne souffrent pas de tout cela à la fois. Les écoles catholiques du Congo veulent devenir des «écoles vertes», en éduquant les enfants à la conscience écologique. L’environnement est notre cause à tous, notre foi devrait nous le rappeler sans cesse et nous pousser à agir.

Albert S. MIANZOUKOUTA