De tous les réseaux sociaux sourd un constat qui débouche en conclusion comminatoire. Tout est fini, dit l’homme de la rue désabusé ; tout s’écroule. L’écrivain nigérian Chinua Achebe avait déjà dépeint l’effritement des choses dans «Le monde s’effondre». Il y racontait le délitement de ce qui faisait la réalité des choses d’hier, et donc d’aujourd’hui, avec le grand flou des choses de demain.
Tous les chroniqueurs, officiels ou occasionnels, se rejoignant au moins sur un fait : il y a de l’incertitude dans l’air. On ne saurait expliquer autrement le flottement et le comportement éthéré des choses. Cette multiplication de grèves, ce long chapelet des menaces sociales, cette présentation chaotique de ce qui fait habituellement le quotidien équilibré de la vie d’une Nation : nous ne sommes pas une Nation, nous aspirons à l’être.
Dans cette marche lente et pénible, nous avons nos habitudes et nos réflexes. Ce n’est pas cela qu’on appelle bonheur mais on y approche par cette voie des habitudes qui façonnent un quotidien. Faire Congolais, ce sont ces habitudes du matin et du soir, sans les guerres. Mais ne sommes-nous pas entrain de nous diriger vers l’éclatement de tout, avec des retards de salaires, des retenues, des inciviques supposés s’en prenant à notre maigre infrastructure électrique ?
Nous n’avons plus d’eau dans les réseaux qu’une ou deux fois dans la semaine. L’électricité nous est rationnée et, en toute logique congolaise, les agents nous distribuent les factures salées avec une régularité généreuse. Dans ce pays où les instituts nous prédisent des trombes d’eau gratuite bientôt à cause du changement climatique, nous mourons de soif. Et le puissant fleuve Congo est là, simple lieu de barbotage pour quelques hippopotames étourdis. Le Congo perd de sa verdeur, au figuré, et ne nous annonce pas des jours souriants.
Nous ne savons pas à quoi nous préparent les hommes et les femmes politiques. Dans l’opposition, ce sont les querelles de toujours, et les attaques pesantes contre le PCT, principal ordonnateur des ruineuses dépenses de l’Etat. Et dans la majorité, on fait profil bas, en reconnaissant que les choses vont mal. Sans désigner de coupable, un signe.
Albert S. MIANZOUKOUTA