La République du Congo vit au rythme d’une campagne électorale qui touche à sa fin. Les élections législatives et locales ont mobilisé les acteurs politiques et tout le peuple congolais invité à voter dignement et en toute liberté pour le candidat de son choix le 10 juillet 2022.

Il se trouve que quelques candidats aux législatives particulièrement semblent glisser allègrement vers les creux des apparences de leur engagement historique et politique sacrifiant ainsi le peuple congolais et le principe de la vérité sur l’autel de l’arbitraire.

Que de propos à faire pitié, que d’insultes, que de déviances normatives, etc., qui enveloppent leur discours de campagne, ici et là, et ce, au détriment de leur projet de société attendu des Congolais pour la reconstruction de la Nation en quête d’une vie meilleure, et surtout à la conquête d’une vie sensée.

Après ce constat critique et malheureux fait par tous les Congolais épris de solidarité et d’amour pour leur pays, à l’instar de l’Association Désir d’Unité (ADU) attachée à ses fondamentaux visant à plaider pour le «désir d’unité» de la République du Congo et surtout pour le rejet du «repli identitaire» au sein de nos communautés d’individus, il convient de dénoncer, condamner et déplorer cette phénoménologie politique de basse besogne qui est encore de retour à l’Assemblée nationale et qui se vit comme un obstacle majeur à la marche vers le développement d’un pays qui s’efforce de se tourner vers un avenir radieux; qui plus est, à la recherche d’un mieux-être.

Quelles leçons devons nous rappeler à tous ceux des acteurs politiques, candidats et leaders d’opinions qui cultivent encore le régionalisme, l’ethnocentrisme, le tribalisme persistant, et surtout le repli identitaire dans leurs discours de campagne?

Etre candidat aux élections législatives et locales revient à intérioriser les «exigences du nationalisme et de la citoyenneté» au rang positif de la République. Tout le monde est supposé savoir que la République du Congo est encore un Etat démocratique jeune. Son unité est encore fragile à cause des tendances tribales et des réflexes négatifs ou identitaires qui caractérisent souvent certains leaders politiques ainsi que les militants qui font, paradoxalement, l’effort de ne rien comprendre de l’Unité, du Travail et du Progrès.

La Nation congolaise devient de moins en moins un lieu de rassemblement des différences. Un nationalisme ombrageux menace son unité interne et le projet de l’unification du Congo instauré de haute lutte par les uns et les autres, depuis peu, ne trouve plus pied tant dans les partis politiques que dans les associations.

Le repli identitaire qui tend à refaire face dans l’expression du discours tenu dans les différentes circonscriptions par certains politiciens, mais qui ne sont plus de notre âge démocratique, rend la nationalité congolaise trop problématique.

Lorsqu’Ernest Renan pose la question: «Qu’est-ce que la nation?», il veut donner à entendre que la Nation invite chaque individu, chaque Congolais, à ouvrir son esprit à une plus grande vision républicaine et dont la version consiste à transcender nos appartenances individuelles égoïstes et égotistes de type ethnique, social, religieux et départemental. Vu sous cet angle, le nationalisme n’est pas mauvais en soi. Mais, il reviendrait au patriotisme de venir insuffler à la tolérance ce qui lui manquerait.

Le désir d’unité que cultive l’ADU dans ses missions, tout comme dans son élan, se fonde sur le patriotisme compris comme l’amour de la patrie ou «l’amour que l’on porte à la terre où l’on habite ensemble» pour reprendre l’expression du philosophe ivoirien Boa Thiémélé. Sur ce point d’importance, tous les Congolais devraient pouvoir considérer leur patrie comme étant un lieu faisant le lien entre les hommes, c’est-à-dire entre eux.

Une fois que cette exigence éthique de l’engagement collectif et individuel est comprise par les candidats et militants, la République du Congo peut espérer connaître «l’évolution de la citoyenneté». Il s’agit là de tourner le dos au passé violent et divisionniste, ou de tordre le coup à la vie de la «citoyenneté des privilégiés», au profit, désormais, du «privilège d’être citoyen». Ce renversement des valeurs éthiques et morales devrait susciter en chacun des filles et fils de la République l’élaboration des discours de maturité de façon à mettre en avant l’intérêt social et partant politique.

Autrement, celui qui veut représenter le peuple congolais à l’Assemblée nationale ou au niveau local, ne devrait pas perdre de vue le fait que le véritable citoyen participe au développement de son pays par la production économique, intellectuelle, manuelle, c’est-à-dire à l’enrichissement de la société congolaise et à l’affinement de sa démarche démocratique.

L’Association Désir d’Unité rappelle aux différents candidats aux élections législatives et locales que «la volonté de vivre ensemble» est inébranlable. Elle doit être à la fois validée moyennant l’exercice rationnel et raisonnable des vertus cardinales dont chaque Congolais est pourvu. Car «le repli sur soi, tout comme la xénophobie est un danger rampant qui mine la citoyenneté, puisque, en faisant la promotion des identités communautaires au titre d’une politique, on constitue une menace pour l’espace public: ce geste vient contredire le principe même du vivre-ensemble» (Boa Thiémélé Ramsès).

Le développement d’un pays passe par une citoyenneté de haute portée, par la prise en main des procédures démocratiques comprises avec élégance par tous. La citoyenneté est une relation séminale de conscience pour soi, de connaissance de soi et de reconnaissance de l’autre, qui s’instaure entre tous, entre individus, les lois, règlements de la République et les institutions de son pays.

Au final, ce qui est attendu des candidats, aujourd’hui plus que jamais, c’est le «savoir-politique», le «savoir-démocratique», le «savoir-citoyen», le «savoir-faire citoyen» en politique.

Fait à Brazzaville, le 8 juillet 2022

Le Bureau de l’Association Désir d’Unité (ADU