Sommes-nous soulagés de boucler une campagne électorale qui ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices? Avec les grognements habituels, les appels à boycott d’un camp politique, rien n’indiquait d’avance que les législatives de ce Dimanche se seraient déroulées dans la tranquillité. En attendant les chiffres sur l’affluence (qui seront toujours contestées, quoi qu’il en soit), les états-majors des partis politiques semblent avoir gagné le pari de la paix.
Pas d’escarmouches dépassant l’ordinaire; pas de violence ; pas trop de dérapages non plus. C’est peut-être pour cela que les propos d’un élu à Ouesso, déclarant la Sangha terre étrangère aux non-membres du PCT, ont eu un retentissement inusité. Et que le PCT et le Gouvernement se sont empressés d’éteindre l’incendie viral de ces proclamations aussi légères que dangereuses. Les mesures prises contre lui par le ministre de l’Administration du territoire étaient à prendre.
Il s’agit d’une incitation à la haine ethnique. Et d’un déni de démocratie ou de ce qui en tient lieu chez nous. De même, telle ”Grande Dame” proclamant qu’on est mieux traités par son conjoint illégitime que par son mari peuvent avoir semblé une incitation à la débauche. Surtout dans la bouche d’une élue : la nouvelle loi contre les violences faites aux femmes semble une simple parodie. Surchauffe à Mouyondzi au point que l’évêque de Nkayi a dû calmer le jeu !
Mais le problème est que ces exemples ont tout l’air d’être les porteurs de convictions qui se chuchotaient jusque-là. Le tribalisme existe-t-il au PCT ? Oui, bien sûr. Les exemples d’un tribalisme rampant, au sein du parti de la majorité tout comme dans les partis de l’opposition ; entre nous dans les quartiers et dans tout lieu d’exercice du pouvoir, sont foison.
Les faits sur le terrain et dans la réalité de chaque jour n’encouragent pas à penser nos partis politiques comme des modèles d’inclusion. Ni les meilleurs instruments de lutte contre le tribalisme. L’Etat PCT, comme disent ses détracteurs, s’étend au-delà du maîtrisable. De sorte que le maintien de la suprématie passe aussi par l’élaboration et l’énoncé de stratégies qui n’aident pas à éviter les dérapages.
La question du tribalisme a toujours été survolée par les différents partis politiques depuis l’indépendance. Leurs leaders se dédouanent par des «chez eux, c’est pire!». Et on retombe dans l’hypocrise habituelle : sourires et propos mielleux, mais au service d’une idéologie d’exclusion. L’origine ethnique ou régionale tient lieu de carte d’accès au club fermé des décideurs ou des ayant-droits. Dans cette logique, la clôture de la campagne électorale ne peut donner lieu à un «Ouf» de soulagement : c’est seulement le début du travail sur nous-mêmes.

Albert S. MIANZOUKOUTA