Le décès de plusieurs individus détenus provisoirement dans les geôles du Commandement territorial des forces de police de Brazzaville sont intervenus à partir du 5 novembre dernier. Cette situation dramatique a fait l’objet d’une déclaration de sept organisations de défense des droits de l’homme au cours d’un point de presse mercredi 17 novembre 2021, au siège du Centre d’actions pour le développement (CAD), à Brazzaville.

Ces organisations condamnent fermement le silence assourdissant des autorités et leur demandent de faire la lumière sur ces décès puisqu’aucune communication officielle n’est faite à ce sujet.
Dans leur déclaration rendue publique par Trésor Chardon Nzila Kendet, directeur exécutif du CAD, en présence de Gaspard Mienantima, président du Cercle uni des droits de l’homme et de la culture de paix (CUDHOC) et de quelques parents des victimes, il ressort que les corps sans vie ont été déposés à la morgue municipale de Brazzaville, à côté du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU-B). Le chiffre varie entre cinq et six morts. Selon eux, ces décès sont survenus dans des circonstances troubles, pour tenter de dissimuler les faits et en violation totale des règles et procédures applicables dans ce genre de cas.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont déjà identifié trois familles endeuillées par cette tragédie. La déclaration indique que plusieurs sources, suivant les informations en leur possession, ont révélé l’existence des corps non identifiés à la morgue municipale. Mais, les organisations ne parviennent pas à vérifier en raison de plusieurs obstacles. Malgré cela, les recherches se poursuivent et les organisations de défense des droits de l’homme demandent aux familles ayant un parent écroué à la direction départementale de la police de Brazzaville de se faire connaitre.
Un des parents des victimes, Alain Dieudonné Fortuné Elek, a ainsi motivé sa présence à ce point de presse: «Je suis ici suite à la mort de mon premier fils âgé de 26 ans. Quand j’ai reçu l’appel, il était enfermé au Comus à Moukondo. Le lendemain matin, il était transféré au commissariat central. Je m’y suis rendu pour le voir. Le colonel, qui m’a reçu, m’a expliqué le motif de l’arrestation de mon fils. Il serait un fumeur de cocaïne. Deux jours après ma visite, mon fils n’était plus là. C’est à la morgue qu’on a retrouvé son corps. Il était chauffeur de profession». «Pour que l’enquête soit indépendante et transparente, il est absolument nécessaire qu’une autopsie des corps soit réalisée. Seule l’autopsie nous dira avec exactitude de quoi sont mortes ces personnes. Les victimes ne sont que des hommes. Pourtant il y a quelque temps, nous avons attiré l’attention des autorités congolaises, en ce qui concerne les maltraitances, les mauvaises conditions de détention dans les geôles de cet établissement de la police. Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas une surprise. Nous savons que notre force publique est caractérisée par la brutalité et la violence. Nous voudrions aller doucement pour que toute la lumière soit faite afin que nous tirons toutes les conclusions nécessaires; que justice soit faite et que les responsabilités soient établies. Nous avons des dossiers qui attestent que les corps sont à la morgue. Ces personnes sont mortes entre les mains de la police. Nous avons déjà engagé une action en justice avec les parents connus des victimes», a insisté Trésor Nzila Kendet.
Pour rappel, le Congo est membre des Nations Unies. Il est signataire de plusieurs Conventions, dont celle portant sur la torture, le pacte international relatif aux droits civils et politiques et bien d’autres instruments. Au niveau national, il existe des lois qui interdisent ces pratiques. Et, la Constitution stipule bien que la personne humaine est sacrée. Elle a droit à la vie et l’Etat a l’obligation de la protéger.

Philippe BANZ