On le savait malade depuis un certain temps. Hospitalisé à l’hôpital de Makélékélé, dans le premier arrondissement de Brazzaville, il avait lancé au mois de novembre dernier, dans une chaîne de télévision de la place, un appel à la solidarité afin de subvenir à ses besoins sanitaires. Mais, hélas, la mort a finalement eu raison de Charly Noël (Noël Massengo à l’état-civil). Le célébrissime et talentueux animateur de l’émission Vidéo 45, de Télé-Congo, dans les années 80 et 90, s’est éteint dans la nuit du samedi au dimanche 15 décembre 2024, des suites d’un cancer du côlon en phase terminale à l’hôpital de Makélékélé. Si la solidarité congolaise avait agi, on aurait peut-être pu le sauver.

Agé de 64 ans et considéré comme un génie ayant contribué au renouveau de la musique congolaise, Charly Noël, journaliste-présentateur, a joué un rôle crucial et prépondérant dans la promotion des artistes peu connus, les propulsant au-delà des frontières nationales du Congo et du Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo). Après sa formation en France, il regagne le pays. En 1984, il effectue un stage à Télé-Congo. Peu après, il crée son émission qui finira par avoir une grande audience. Il s’agit de Vidéo 45, diffusée tous les samedis après-midi, et qui a marqué toute une génération. Un moment mémorable de l’histoire télévisuelle congolais. Grâce à lui, la musique congolaise et même africaine a gravi des échelons, notamment à travers les variétés étrangères qu’elle projetait. Les artistes-musiciens comme: Fernand Mabala; Rapha Boundzeki; Michaël Moutouari; Rigadin Mavoungou Fils; Rovias Adampot; Chairman Jacques Koyo; Angelu Chevauchet; Fofana Moulady; Chiden De Mbouta; Roger Luthin; Julien Cladia (Bozi Aboubacar); Stany Rodriguez; Godé, le spécialiste du smurth; Gato Beevens…, ainsi que de nombreux orchestres tels que: Viva Mandolina; Véritable Mandolina; Lusaka-Fula; Métropolis…,ont été propulsés par la magie de Charly Noël et de son émission.
A dire vrai, Charly Noël a contribué à la promotion de la culture congolaise et africaine par son influence, sa passion, son engagement, son dynamisme, son savoir-faire, son talent, sa valeur, son engagement et sa voix berceuse. Méconnu au départ et sorti du néant, ce génie du micro a mis à travers son émission Vidéo 45, son expertise au service de la musique congolaise, africaine et mondiale. Sa voix et son gestuel ont fait les beaux jours de Télé-Congo et son émission a fait trembler les murs des habitations. Le nom de l’emblématique journaliste-présentateur et producteur reste et restera à jamais graver dans les mémoires des téléspectateurs des deux rives du fleuve Congo et du continent. Puisse la nouvelle génération des animateurs et producteurs congolais et africains s’inspirer de son expérience. Ces dernières années, il animait l’émission culturelle ‘’A la une’’, sur Radio-Congo, qui n’a malheureusement pas, égalé l’audience de Vidéo 45.
Joe Washington Ebina, opérateur économique et acteur de la société civile, l’un des rares citoyens à avoir répondu à son appel, sauf erreur de ma part, a affirmé: «Le grand Charly Noël n’est pas n’importe qui. Il a marqué l’histoire de plusieurs générations. Et, le voir aujourd’hui, abandonné à lui-même me blesse», avait déclaré, celui qui avait pris en charge son hébergement et sa restauration pour lui permettre de mieux suivre son traitement.
Feu Alphonse Marie Toukas, l’un des anciens du journalisme et animateur de radio et de télévision au Congo, animateur et producteur de l’émission ‘’ça c’est Brazza’’ de Télé-Congo, ancien agent de RFI et créateur du concours ‘’Découvertes RFI’’, disait de lui qu’il «incarnait la nouvelle vague des animateurs de télévision au Congo, par son style particulier et son talent. Avec lui, je peux aller m’asseoir, la relève est bien assurée».
Cinq ans avant son décès, au hasard d’une rencontre au boulevard Alfred Raoul à Brazzaville, je prenais rendez-vous avec lui, pour la réalisation d’une interview sur son parcours journalistique. Et à la question de savoir s’il était en mesure de relancer son émission qui était réclamée à cor et à cri par de nombreux téléspectateurs, il me répondit avec son sourire habituel: «Mon cher confrère Alain-Patrick Massamba, mon talent et mon savoir-faire demeurent intacts. Il suffit qu’il puisse y avoir des mécènes qui peuvent accompagner cette œuvre pour qu’une fois de plus, je puisse assouvir la soif des téléspectateurs qui ne cessent de m’interpeller sur ce point», m’avait-t-il confié. Adieu Charly Noël, vas en paix, confrère!

Alain-Patrick
MASSAMBA