Depuis que l’église Saint-Esprit de Moungali fut consacrée, 46 ans se sont écoulés. Pour les besoins de l’histoire, nous revenons sur cet événement grandiose qui marqua et continue de marquer les esprits. Récit des faits. C’est une radieuse journée qu’a vécue dimanche 18 mai, fête de la Pentecôte, la communauté paroissiale de Saint-Esprit de Moungali à Brazzaville, avait écrit le reporter du jour dans La Semaine Africaine du 25 mai 1975.

Ce jour-là le Cardinal Emile Biayenda consacrait solennellement l’église Saint Esprit. Moungali, un des quartiers les plus populeux de Poto-Poto a vu naître sa vie paroissiale vers 1950. A cette époque, l’église mère d’une des ‘’Brazzaville-noires’’, Sainte-Anne voyait surgir tout autour d’elle, assez loin parfois des quartiers nouveaux: vers l’Est, c’était Ouenzé, au Nord Moungali. C’est le père Durand descendu des Plateaux, qui le premier réunira au cinéma Vox pour la messe du dimanche une petite communauté fervente.
Un terrain est bientôt acheté, un hangar-chapelle construit qui s’améliorera d’année en année, et sous l’impulsion des pères Durand, Gevaudan, Robyr, Copy et Le Corre, se constituera et s’organisera l’une des paroisses la plus importante de la capitale. Aussi bientôt se fait sentir la nécessité d’une véritable église. Un plan était présenté, établi par un jeune architecte suisse M. scharli, lauréat d’un concours de plans d’église spécialement étudiées pour l’Afrique, qui convenait parfaitement à l’emplacement disponible, aux exigences d’une paroisse nombreuse et à ses possibilités financières plutôt modestes.
Commencée le 11 février 1966, sous l’impulsion du Frère Tarcicius et grâce au travail acharné de ses 50 ouvriers et des nombreux travailleurs bénévoles, l’église sera pratiquement terminée six mois plus tard.
Elle est conçue comme un assemblage de quinze parapluies de béton retournées comme des mains tendues pour la prière, soutenus par de minces colonnes creuses par où se fait l’écoulement des eaux de pluie. L’espace ainsi délimité, est entouré d’un mur d’enceinte, montant au quatre cinquièmes de la hauteur, laissant ainsi un large bandeau de vide par où fuse la lumière et qui permet une aération parfaite. Un inconvénient (peut-être!) avec l’air et la lumière, nous arrivent aussi les bruits de la rue toute proche, les coups d’avertisseur des voitures et les flonflons… des guinguettes et qui permet une aération parfaite. Mais il y a aussi l’inverse: sur la rue profane tombent les échos de l’Eglise, et les accents puissants et harmonieux des deux chorales de la paroisse rappellent au passant anonyme que Dieu est là. L’église de Moungali est toute mêlée à la vie grouillante de ce vivant quartier.
A signaler que la construction de l’église dont le coût s’est monté à 15 millions de Francs CFA (chiffre relativement bas lorsqu’on considère l’ampleur des bâtiments) a été assurée financièrement pour un bon tiers par les paroissiens eux-mêmes. Dimanche 18 mai, une foule nombreuse encadrée par un service d’ordre impeccable, occupe les deux mille places assises de l’église et une partie des allées, lorsque la cérémonie de consécration a commencé. Entourant à l’autel le Cardinal Biayenda; le curé de Saint-Esprit, père Didace Malanda, les autres prêtres de la paroisse, ainsi que le chanoine Vanneste, ancien doyen de la Faculté de théologie de Kinshasa, et MM. Ntedika et Atal doyen et professeur à la même faculté. Invité, le Cardinal Malula s’est fait excuser. Et les rites majestueux de la consécration d’une église ont commencé. Ce sont ceux du nouveau rituel auxquels viennent s’ajouter avec bonheur des emprunts aux traditions bantoues. Ainsi au moment de l’offrande, avec le pain et le vin, ont été offerts les objets suivants: kebo, nkandi, bounfounda, tainzou, youki, n’tété, manioc, nsamba, etc.
Ainsi, dans la cérémonie proprement dite de la consécration, furent utilisés et christianisés les rites de la libation du vin de palme, du nsinda (temple des esprits des ancêtres) petite excavation ménagée au pied de l’autel où seront placées et scellées, avec les reliques des martyrs de l’Ouganda et le parchemin certifiant l’acte du jour, les nkandi (noix de palme séchées) représentant chacune un ancêtre dans la foi de la chrétienté de Brazzaville. Les autres cérémonies du rituel consécratoire sont connues: aspération de l’église, onction des croix de dédicace, encensement et onction de l’autel. Notons seulement que les chants furent assurés avec maîtrise par la Schola et la Chorale.
L’après-midi plusieurs réceptions se sont déroulées au mbongui pour les diverses catégories d’invités. En terminant, il faut rendre hommage au Conseil paroissial de Moungali qui a été l’organisateur de cette magnifique journée: Sylvestre Mpassy, Raymond Nganga, Michel Mabanza, Henriette Kimbembe, Célestin Nkuka, Arsène Massamba, Samuel Bakekolo, ainsi qu’à l’équipe prebytérale de la paroisse Saint-Esprit: les pères Didace Malanda, Jean Van Der Burg et Eugène Coudray.

Alain-Patrick
MASSAMBA