La famille sportive congolaise n’est pas épargnée par le sort funeste. En effet, vendredi 24 septembre 2021 dernier s’est éteint à Brazzaville, l’ancien sélectionneur national des Diables-Rouges dames de handball, Casimir Molongo. Il est l’un des meilleurs techniciens que le handball congolais ait jamais eu en ses cinquante-six ans d’existence. La nouvelle de la mort de Casimir Molongo a plongé les milieux du handball dans la consternation. C’est un entraîneur ayant marqué son temps qui disparaît. Passionné entraîneur, des hommes comme lui sont rares. ‘’Mon cher’’, comme on l’appelait familièrement, était un enragé du handball et un phénomène dans l’entraînement et la formation.
Enseignant d’EPS, il a commencé sa carrière comme joueur à l’époque où ce sport se pratiquait sur le goudron de l’annexe du Stade de la Révolution, de Chaminade et du Centre sportif et universitaire de Makélékélé, à Brazzaville. Puis il s’est résolu, faute d’avoir été une star, à servir son équipe comme entraîneur. D’abord à l’Etoile du Congo, le club qui l’a fait connaître, en prenant en charge la section féminine.
Légendaire à souhait, la carrière du coach congolais inspire le respect. Les ‘’Vert et jaune’’ lui doivent leurs meilleures performances au plan national et africain : plusieurs titres communaux et nationaux, puis deux (1985 et 1986) de leurs quatre titres continentaux.
Le mythe Molongo naît avec l’équipe nationale qui, sous sa férule, fait des ravages. Et des plus colossaux. En dominant l’Afrique : 4 sacres continentaux (1979, 1981, 1983 et 1985). Il a conduit aussi les Diables-Rouges dames aux Jeux Olympiques de Moscou, en 1980, à l’issue du Tournoi tricontinental de Brazzaville (15-21 mars 1980). Sans oublier les titres sous-régionaux.
Organisateur et meneur d’hommes, Casimir Molongo s’est dépensé sans compter. Les autres le lui rendaient parfois mal. Dans ce monde où les pionniers récoltent souvent l’ingratitude, on les oublie très facilement pour s’attacher à des nouveaux techniciens.
On ne croyait pas Molongo capable d’aller voir ailleurs. Ce sera pourtant chose faite. D’abord en claquant la porte de l’Etoile du Congo, il a mis sur pied, le 29 septembre 1992, l’ASEL (Association sportive Elfe Lumière) en compagnie de quelques dissidents d’Etoile du Congo. Lorsqu’en 2014, Blaise Mandzimba, lassé par les contradictions au sein d’ASEL cette fois, crée Ekiembongo, un nouveau club féminin, il fait appel à Casimir Molongo. ‘’Mon cher’’ a prêté aussi ses services à Abo-Sport, avant d’être au chevet de l’AS Otohô.
Casimir Molongo ne dissimulait ni ses soucis, ni son amertume devant certaines pratiques. Mais, il était toujours habité par le feu du handball qu’il a servi à différents niveaux de responsabilité. Seuls son cyclomoteur de naguère, puis sa voiture ces dernières années, peuvent parler de lui: combien de kilomètres a-t-il avalés au service du handball pour passer d’un stade à un autre ?
Les férus du handball n’ont pas oublié. Ils n’oublient pas. ‘’Mon cher’’ peut partir en paix; ses amis sportifs perpétueront sa mémoire, celle du battant, du grand formateur qu’il fut.
A noter que Casimir Molongo fut aussi international d’athlétisme, et représenta dignement le Congo aux Premiers Jeux d’Afrique centrale en 1976, à Libreville (Gabon). Avec au cou, une médaille d’argent au lancer du disque et une autre de bronze au lancer du poids.
Adieu, cher ‘’Mon cher’’, et repose en paix !

Guy-Saturnin
MAHOUNGOU