Cet espace est réservé aux questions que bon nombre de férus du football congolais se posent sur divers sujets. Jean-Michel Mbono ‘’Sorcier’’, véritable légende vivante du ballon rond congolais et africain, les a répertoriées et y répond.

*L’expérience a montré à suffisance, et ce dans tous les domaines, qu’il n’y a aucun résultat probant à espérer quand on est placé en position d’assistanat. Que faut-il faire pour que les subventions de l’Etat allouées à certains clubs règlent de façon fondamentale les problèmes de financement?
**J.-M. Mbono: Nous pensons qu’il est grand temps que nos équipes se constituent en groupements d’intérêt économiques, qu’elles créent de la valeur ajoutée à l’image de certains grands clubs, ailleurs dans le monde. A titre d’exemple, l’Olympique lyonnais dispose d’un parc de taxis estimé à 100 véhicules.
Pourquoi ne verrait-on pas certains de nos clubs s’acheter des taxis-bus pour le transport inter urbain?
Pourquoi ne pas ouvrir des restaurants, des magasins de sports pour commercialiser à la fois les équipements sportifs et des gadgets aux couleurs du club?
Pourquoi ne pas organiser des clubs de supporters afin qu’ils s’acquittent de cotisations leur permettant d’avoir accès aux différents services proposés par le club?
Pourquoi ne pas disposer d’un ‘’PUB’’ avec écran géant où viennent boire les supporters du club?
C’est autant de pistes vers l’autonomisation de nos clubs. Car, au finish, l’Etat ne répondra pas toujours présent.

*D’après vous, qu’est-ce qui fonde la puissance d’une équipe?
**J.-M. Mbono: La force d’une équipe, c’est tout un ensemble. C’est d’abord des dirigeants qui sont dévoués pour cette équipe; c’est le sponsor qui ne lésine pas sur les moyens; c’est aussi un encadrement technique qui recherche la perfection tout le temps. Quand tout le monde évolue bien dans son registre, ça peut donner de bonnes choses

*Que pensez-vous de l’exode aveugle des jeunes footballeurs africains?
**J.-M. Mbono: Il faut arriver à défendre les droits des jeunes footballeurs africains en Europe, qui débarquent souvent mal conseillés et se retrouvent parfois sans possibilité d’exercer leur métier. Des centaines de jeunes venus d’Afrique pour jouer en Europe mais rapidement abandonnés à un triste sort, sans papier, sans argent.
Depuis 2001, un règlement de la FIFA interdit les transferts de jeunes extra-communautaires mineurs dans des clubs de l’Union européenne, pour circonscrire ce phénomène. En France, les centres de formation des clubs professionnels sont fréquemment contrôlés. La Fédération ne délivre pas de licence à un jeune étranger âgé de 17 ans. La Ligue ne peut donc pas valider son contrat. Il ne peut donc pas jouer. Souvent, ils continuent à s’accrocher à leur rêve de foot. Ils se mettent à jouer pour des clubs amateurs, qui leur paient la carte orange, espérant être remarqués.
Ce qui est dangereux, ce sont les agents qui prennent de l’argent aux familles, avec la promesse de placer leurs fils dans des clubs plus ou moins huppés à l’étranger.
(A suivre)