Gabriel Ndengaki, l’un des héros de ‘’Yaoundé 1972’’ et champion d’Afrique des clubs avec le CARA de Brazzaville en 1974, est décédé le 6 janvier 2025 à l’âge de 72 ans. En hommage à cette légende du football congolais, ‘’La Semaine Africaine’’ propose de revisiter la carrière de celui qui fut l’un des plus grands défenseurs de l’histoire de ce football, racontée par lui-même en 2014.
La génération actuelle balbutie. Des chroniqueurs sportifs bégayent. Ils ne savent pas. Parce que Ndengaki n’est pas de leur époque. Ancien sociétaire d’Etoile du Congo, c’était un joueur particulier, de la fin des années 60 jusqu’au début de la décennie 1980. Un joueur longiligne (1,86 mètre), calme et rugueux. Un défenseur aux tacles efficaces et aux jaillissements spectaculaires, intraitable sur les balles aériennes et buteur grâce à son beau jeu de tête et sa frappe lourde et puissante.
Le jeu de Gabriel Ndengaki a atteint son apogée au cours de la 8e Coupe d’Afrique des nations, en 1972 au Cameroun. Dans cette compétition, le Congo, emmené par François M’Pelé, Balékita ‘’Eusebio’’, Maxime Matsima, Mbono ‘’Sorcier’’, etc., était devenu la sensation de cet événement. Et au sein de cette équipe congolaise appelée depuis lors ‘’Diables-Rouges’’, Ndengaki s’est démarqué comme l’un des arrières droits les plus offensifs.
D’où venait ce garçon qui s’est rapidement imposé dans le football brazzavillois réputé difficile et compliqué, à cause de ses nombreux ténors? Ndengaki est venu au football par le biais obligé du foot-pelote comme les autres enfants de sa génération. Il révèle très tôt ses dispositions de footballeur à Dongou, là où il est né le 7 novembre 1952. «Je devais avoir mes 14 ou 15 ans. J’ai commencé dans l’Etoile de Dongou. Ensuite, j’ai intégré Slavia d’Impfondo, une équipe du chef-lieu de la Likouala», me souffla-t-il.
1967. Pendant les grandes vacances. La 1ère Semaine culturelle organisée à Brazzaville lui ouvre les portes de l’Etoile du Congo : «J’étais venu participer à cette compétition omnisports avec la sélection de la Likouala. Une belle équipe avec les Antoine Ibovi, Alphonse Yanghat, Léonard Essengo, pour ne citer que ces trois-là. Nous avions remporté le tournoi de football».
Après ce sacre, son talent ne pouvait qu’aiguiser des convoitises. L’Etoile du Congo fait tout pour le faire revenir dans la capitale. Les dirigeants stelliens avait confié cette mission à leur ancien joueur Etienne Nzingoula, un douanier en poste à Dongou. «C’est en bateau que j’ai débarqué un jour de 1968 au port de Brazzaville pour signer à l’Etoile du Congo», se souvint-il. «L’équipe s’entraînait au terrain du CEG Nganga Edouard, avant d’aller à l’emplacement actuel du service psychiatrique du CHU, appelé aussi ‘’L’Asile’’. Plus tard, l’équipe a émigré au lycée Chaminade», précisa-t-il. Avant d’y gagner sa place de titulaire, Ndengaki se permet des parties de foot-pelote avec ses petits copains d’Espoir de Poto-Poto.
Les progrès de Gabriel Ndengaki sont si évidents qu’en 1969, il livre son premier match officiel avec l’Etoile du Congo : « Ce fut contre Avenir du rail, au Stade Eboué. Une victoire par 9-0. Mbono avait inscrit 6 buts». Tout le monde l’appelle encore ‘’Impfondo’’. Un coup d’œil sur la feuille de match renvoie à cette identité. «Mais je jouais si bien au ballon, du pied et de la tête que le mystère sur mon identité réelle a disparu un jour», ironisa Ndengaki.
Ndengaki découvre le ‘’Onze national’’ en novembre 1970. Il en est avec Mbemba ‘’Tostao’’, Moukila, Minga et Emmanuel Mayanda l’un des novices. Il joue les quatre matches des éliminatoires qui envoient le Congo à la phase finale au Cameroun en 1972. A Douala et à Yaoundé, il joue chaque minute des cinq matches du triomphe du Congo. Ce sont là les premiers grands moments de sa carrière. Il est vrai aussi que la victoire remportée avec le CARA en Coupe d’Afrique des clubs champions en 1974 lui a fait également prendre du galon. Et d’autres matches encore, comme celui de la finale des 1ers Jeux d’Afrique centrale en 1976, avec ses deux buts spectaculaires contre le Cameroun de Roger Milla.
1978 est l’année de son unique passage en Europe dans sa carrière. «Ayant obtenu une bourse de formation au CREPS (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive) de Strasbourg, j’ai accepté la sollicitation des dirigeants du FC Haguenau, un club de division 2. J’avais 25 ans et me sentais bien armé et parfaitement mûr pour le professionnalisme. Durant 6 mois je n’ai pu jouer sans certificat de libération de ma fédération. Je me suis engagé à revenir au pays pour l’obtenir. J’étais mal inspiré, car mon passeport fut confisqué par les autorités. Puis j’ai mis fin à ma carrière trois ans plus tard», regretta-t-il
L’après-carrière voit Gabriel Ndengaki comme directeur du Stade de la Révolution. Mais il ne rompt pas totalement avec le football. Il a, à un certain moment, dirigé l’entraînement de maints clubs, parmi lesquels Elec-Sport de Bouansa, Pétro-Sport, Inter Club, AS Vita Club de Kinshasa, USM du Gabon, CARA, Kotoko de Mfoa, AS Police, Saint-Michel de Ouenzé, Cuvette FC et AS Otohô.
Adieu, ‘’Vieux Mauro’’ !

Guy-Saturnin
MAHOUNGOU