Depuis l’admission du général Jean-Marie Michel Mokoko, le 2 juillet 2020, à l’hôpital des armées Pierre Mobengo de Brazzaville, plusieurs ONG de droits de l’homme, des avocats et même des opposants politiques sont montés au créneau pour solliciter du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, qu’il accorde son évacuation sanitaire à l’étranger. C’est désormais chose faite.

L’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016, condamné en mai 2018 à 20 ans de prison pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat», a été autorisé à quitter Brazzaville jeudi 30 juillet, pour aller se faire soigner en Turquie.
L’évacuation sanitaire de Jean-Marie Michel Mokoko est la résultante d’une rencontre qui a eu lieu le lundi 27 juillet dernier entre le Chef de l’Etat congolais et les proches de l’ancien chef d’Etat-major des Forces armées congolaises (FAC).
Le candidat malheureux à la présidentielle de 2016 a quitté la capitale congolaise avec son médecin traitant, à bord d’un avion médicalisé qui, selon plusieurs sources concordantes, était positionné au Congo, depuis quelques jours. «Tout est fin prêt. Les visas ont déjà été délivrés à l’officier et au médecin qui doit l’accompagner», a indiqué jeudi 30 juillet, à Radio France Internationale (RFI), l’un des avocats du général Mokoko, sans plus de précision.
Pour Trésor Nzila, secrétaire exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), intervenant sur la même chaîne, l’évacuation du général Mokoko est une bonne nouvelle, même si l’activiste des droits de l’homme s’est montré quelque peu dubitatif. «Son évacuation est une bonne nouvelle, mais qui nous laisse toujours dubitatifs, parce que tant que nous n’aurons pas la confirmation qu’il est dans l’avion et qu’il est parti, nous continuerons toujours à faire ce travail de veille et d’interpellation des pouvoirs publics…Puisqu’il s’agit de la Turquie, nous formulons le vœu que les autorités turques puissent lui offrir des soins appropriés. Le plus important pour nous est qu’il recouvre sa santé et nous verrons par la suite ce qui adviendra», a-t-il déclaré.
A signaler que la santé du général Mokoko s’est fortement détériorée le mois dernier, alors qu’il est incarcéré depuis quatre ans à la Maison d’arrêt de Brazzaville. Il y a trois semaines, il a été transféré à l’hôpital des Armées Pierre Mobengo, souffrant d’une crise de paludisme aiguë, aggravée par de l’hypertension.
Depuis, sa famille demandait son évacuation sanitaire vers le Maroc ou la France. Elle a été reçue par le chef de l’Etat en début de semaine. Ce dernier ne se serait pas opposé à une évacuation à l’étranger, émettant seulement des réserves sur certaines destinations.
Pour Brazzaville, en effet, il n’était pas question d’envoyer le général Mokoko en France, un pays avec lequel le Congo entretiendrait des relations compliquées ces derniers temps, fait-on savoir dans la capitale congolaise, et «on ne voudrait pas les envenimer à nouveau». Le choix s’est donc porté sur Ankara avec qui Brazzaville entretient une coopération étroite.

Sévérine EGNIMBA