Une enquête réalisée par le Centre d’actions pour le développement (CAD), une organisation de défense et de protection des droits de l’homme, révèle une situation extrêmement préoccupante pour les communautés menant leurs activités de pêche, de chasse et de cueillette depuis toujours dans la zone où se trouve le parc national Ntokou-Pikounda, à cheval entre les départements de la Cuvette, de la Sangha et de la Likouala dans la partie septentrionale du pays.

Ce rapport, présentant des révélations sur beaucoup d’atteintes aux droits de l’homme identifiées, a été publié au cours d’une conférence de presse animée par Trésor Chardon Nzila Kendet, directeur exécutif du CAD, sous la modération d’Arsène Sévérin Ngouéla, journaliste, vendredi 10 mars 2023 à Brazzaville.
Ces communautés ont vu un grand nombre de leurs campements traditionnels de pêche détruits, leurs droits bafoués et leurs modes de subsistance sérieusement ménacés au nom du projet de conservation de la biodiversité pour lequel elles n’ont pas été consultées sur l’impact que ce parc pourrait avoir sur leurs vies. Le CAD a fait observer que le parc national Ntokou-Pikounda opère en violation de la législation en vigueur dans le pays, que l’Etat a manqué à ses obligations nationales et internationales en matière de droits humains et que l’organisation WWF (Fonds mondial pour la nature), co-gestionnaire du parc agit en flagrante contradiction avec ses propres politiques et engagements sociaux.
Trésor Chardon Nzila Kendet a indiqué que les recherches ont révélé, notamment, qu’entre 2019 et 2021 le parc a procédé à des expulsions forcées massives des familles et des individus. Ces expulsions, parfois accompagnées de violences physiques, se sont déroulées sans consultations préalables et sans mesures d’accompagnement pour les communautés désormais privées de leur principale source de subsistance, au mépris du droit national et international.
Les communautés allèguent au moins 300 campements détruits et brûlés, les obligeant à partir et à cesser toute activité contre leur gré. «Nous avons recueilli des témoignages faisant état d’actes de torture ou traitements cruels, inhumains et dégradants et d’intimidation de la part des Eco-gardes lors de ces opérations de déguerpissement. Le parc et les pouvoirs publics ont procédé à des vagues d’arrestations et d’emprisonnement contre des membres des communautés, visiblement tous des pêcheurs», a relevé le directeur exécutif du CAD.
Plusieurs recommandations sont contenues dans ce rapport, dont celle portant à établir en urgence une feuille de route consensuelle avec les communautés et mettre en place un cadre de dialogue avec des fréquences de réunions bien définies pour résoudre les problèmes épineux comme la pêche et les droits fonciers coutumiers.

Ph. B.