Les Congolais ont voté dimanche 10 juillet 2022. D’une manière générale, les électeurs ont accompli leur devoir civique dans un climat serein, sauf qu’il y a eu des flottements plus ou moins importants – d’aucuns les qualifient de graves et d’inadmissibles- dans l’organisation, suscitant des énervements ainsi que des interrogations sur la pertinence d’une CNEI (Commission nationale électorale indépendante) permanente.

Il n’y avait pas de suspense, il n’y aura pas de surprise. Le PCT consolidera sa majorité à l’Assemblée nationale. Personne ne viendra remettre en cause sa victoire. Mais si le double scrutin de dimanche dernier s’est déroulé dans des conditions acceptables d’ordre public et le respect de certaines règles (pas toutes, évidemment) de démocratie, des dysfonctionnements d’ordre organisationnel ont été parfois notés.
En effet, comme lors des précédentes élections, quelques incidents l’ont émaillé. Des électeurs oubliés sur les listes électorales mais munis de leur carte d’électeur, n’ont pas voté. L’image la plus frappante est sans doute celle de ces deux candidats dans une circonscription de Brazzaville en colère. On les a vu dépités. Leurs noms ne figurant sur aucune des listes de leur centre de vote, ils n’ont pas pu voter.
Comme lors des scrutins antérieurs, les élections se sont déroulées avec retard. Exemples: à Kingouari, une circonscription de Makélékélé, le premier arrondissement de Brazzaville, le vote a débuté à 15h au lieu de 7h30, et à Kellé où on a signalé des graves problèmes de logistique. Comme lors du vote anticipé des agents de la Force publique.
La distribution du matériel électoral a occasionné des perturbations telles que des bulletins et des listes de certains bureaux de vote se sont retrouvés dans d’autres salles d’un même centre. Des bulletins manquaient dans certaines localités.
Ayant opté pour des bulletins avec photo du candidat et son logo, certains candidats n’ont pas vu leur photo être imprimée. On a continué la distribution des cartes d’électeurs le jour du vote. De même, un président d’un centre de vote a avoué n’avoir été désigné qu’au lever du jour du vote.
Dans un certain nombre de bureaux de vote, aussi bien à Brazzaville que dans les autres villes et localités, le dépouillement des bulletins de vote s’est fait à la lumière des téléphones portables ou des bougies. Des membres des bureaux ont avoué qu’ils ont manqué de procès-verbaux.
En outre, il est arrivé que dans certains bureaux l’irruption de l’escorte d’un candidat huppé introduise une confusion totale dans le déroulement des votes. Quelques mal-intentionnés n’ont pas non plus hésité à proposer de l’argent aux gens pour faire élire leurs candidats. Un confrère rapporte : «A Bacongo (NDLR : une circonscription de Brazzaville), un individu a été interpellé avec près d’un million de francs et plusieurs cartes d’électeurs».
Ces dysfonctionnements restent mineurs. Mais tout de même, ils reviennent à chaque élection. Un confrère, Arsène Séverin, s’interroge: «Une CNEI permanente, à quoi ça sert?». Beaucoup d’argent sont pourtant engloutis dans le fonctionnement de la CNEI et dans cette affaire des élections.

Jean ZENGABIO