Nous devrions pouvoir dire que les choses sont maintenant en place pour la relance. Les élections sont passées dans la paix, les résultats libérés, le Premier ministre est en place et son Gouvernement a été publié: nous devrions donc nous dire en état de marche. Nous ‘’devrions’’, parce que trop de choses attendent d’être remises en chemin. Et dépendent du bon vouloir de ces messieurs et dames les ministres.
Nous passerions notre temps à ressasser les problèmes de l’eau, de l’électricité, des bourses, des pensions de retraite et de la dette qui attendent d’être résolus, ce serait hurler d’un coin du globe que la terre tourne trop vite autour du soleil en espérant la ralentir. Les incantations ne se suffisent pas à elles-mêmes ; il y faut de l’action pour qu’elles donnent du résultat et, même, quelqu’un à qui adresser les suppliques pour qu’elles soient exaucées
Nous pourrions nous dire satisfaits du nouveau gouvernement en place (ce serait une première chez les Congolais !) ou continuer à jouer les bougons, tant que nos ministres ne seront pas à l’action, nous ne pouvons-nous gonfler les pectoraux et pronostiquer avec certitude les pires catastrophes. Elles arriveront seulement (ou n’arriveront pas) si l’incompétence des hommes et des femmes à limousine nous donnent les éléments de les conforter.
Le nombre de ministres nous satisfait-il ? Est-il à la bonne dimension, aux bons dosages ethniques, suffisamment respectueux de la parité, avec la bonne répartition des experts et des politiques; des jeunes et des vieux ? Ces questions resteront des questions tant que ceux qui doivent animer la quarantaine de départements ministériels, nouveaux ou anciens, ne nous auront pas donné la mesure de la compétence et de la représentativité qui justifient leur choix à ces postes.
Nous entrons donc dans l’aire nouvelle. Avec pleins de promesses dans la tête. De résolutions à marcher dans le droit chemin pour la réussite là où plus de quatre décennies ne nous ont pas porté chance. La chance, ça vient, ça va : nous espérons en notre bonne étoile maintenant. Désormais, nous espérons que nos créanciers se feront plus amnésiques et moins pressants avec nous ; que notre dette sera aussi sage que nous le serions devenus nous-mêmes ; que notre prodigalité sera contenue…la chance !
Mais cette chance-là n’est ni possible, ni souhaitable. Nous ne pouvons pas espérer nous développer en nous en remettant aux aléas des cartes. Quand on emprunte, il faut rembourser. Quand on emprunte, il faut que cela serve à quelque chose pour le bien de tous. Quand on gagne une élection, il faut savoir justifier et mériter cette confiance. Par la mise en œuvre de projets qui font du bien à la Nation que nous voulons bâtir. C’est une morale à deux sous, mais d’elle dépendent des millions de vies.

Albert S. MIANZOUKOUTA