Le Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture (REIPER) a organisé le 17 novembre à Brazzaville une table ronde sur ‘’l’accès des enfants en situation de rue aux services essentiels’’. Celle-ci a réuni l’ensemble des acteurs impliqués dans la protection de l’enfance et l’Union européenne qui cofinance le projet Appui au développement des actions de prévention et d’assistance aux enfants vulnérables (ADAPAEV) et ‘’soutient diverses activités liées, entre autres, à la vulgarisation des Droits de l’enfant’’. Pour réfléchir aux approches permettant de garantir réellement les Droits et la pleine inclusion des enfants vivant dans la grande précarité.

Jean Clotaire Tomby, conseiller à la solidarité de la ministre des Affaires sociales, a soutenu que malgré les multiples défis à relever, le Gouvernement fournit des efforts pour que les enfants, notamment les enfants en situation de grande précarité aient accès aux services essentiels. «On évalue à 900 le nombre d’enfants en situation de rue régulièrement accueillis par les quelques structures spécialisées existantes…Un cadre stratégique pour le renforcement du système national de protection de l’enfant a été validé par le ministère des Affaires sociales en 2015, pour encadrer l’action dans le domaine de la protection de l’enfance. Ce cadre s’articule autour d’une «approche systémique» qui traite les enjeux des droits de l’enfant de manière holistique et intégrée, chez l’enfant, la famille et la communauté, en mettant l’accent sur la prévention, la promotion et la prise en charge.
Par ailleurs, des actions visant la protection de l’enfant sans discrimination ont été engagées: le développement et la mise en place des mécanismes communautaires de protection de l’enfant ont été établis dans deux départements: Brazzaville (Moungali) pour le milieu urbain et la Lékoumou (Sibiti) pour la zone rurale. Ils sont en cours d’évaluation avec l’appui de l’UNICEF. Un programme de protection sociale par les transferts sociaux apporte un soutien en nature ou monétaire aux ménages très pauvres; l’accompagnement social et la dotation en kits pour la scolarisation d’enfants non scolarisés ou déscolarisés, y compris les enfants des rues est assuré…
Face à la crise sanitaire liée à la COVID-19 et à l’insécurité supplémentaire subies par les enfants en situation de rue, certains acteurs sociaux se sont mobilisés pour poursuivre l’accompagnement des enfants et jeunes que fait le REIPER tant à Brazzaville qu’à Pointe-Noire. Pendant cette période, le ministère des Affaires sociales a porté son soutien aux centres d’accueil et d’hébergement des enfants de la rue en dispositifs de lavage des mains et en masques, vivres et non vivres.»
‘’«L’enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a en effet besoin d’une protection et des soins spéciaux, notamment d’une protection juridique appropriée», souligne la Déclaration des Droits de l’enfant. Ratifier des traités internationaux et promulguer des lois est un premier pas fondamental pour garantir les Droits de l’enfant. Mais cela ne suffit pas. Les engagements doivent nécessairement se traduire en faits. Il faut rendre les droits des enfants réels’’, a rappelé Marion Réache, chargée de coopération aux Droits de l’homme à la Délégation de l’Union européenne au Congo.
«Les services essentiels auxquels doivent accéder les enfants en situation de rue sont, entre autres, l’éducation, la santé, la protection juridique, la nutrition. La rue où vivent ces enfants est une zone de non droit. Il est donc important de renforcer la sensibilisation aux Droits de l’enfant pour le sortir de là, faire connaître ses droits afin qu’ils soient respectés», a dit Joseph Bikié Likibi, coordonnateur du REIPER.
Pour Marion Réache, cette table ronde est tombée à pic car l’année 2020 marque le 30e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention internationale des Droits de l’enfant, dont le Congo est l’un des signataires sur les 196 Etats partis. «L’avenir d’une nation passe par sa capacité à faire en sorte que sa jeunesse puisse apprendre et grandir dans un environnement sûr pour ensuite contribuer pleinement au développement socio-économique de son pays», a-t-elle souligné, louant le REIPER pour sa résilience dans la conduite des activités du projet ADAPAEV malgré le contexte perturbé par la COVID-19.
La table ronde fait partie des activités du festival des droits des enfants qui s’est tenu à Brazzaville du 20 au 22 novembre. Les mesures prises dans le cadre de la pandémie de la COVID-19 ont fait que le festival, cette année, a été célébré en format réduit sur des plateformes numériques, avec au menu des spectacles, des expositions pour mieux sensibiliser aux Droits de l’enfant.

Viclaire MALONGA