La ville de Brazzaville (surtout) gémit sous le coup des plaies béantes que lui a infligées la nature ces derniers temps. Des pluies incessantes durant une semaine ont provoqué des dégâts qui se traduisent en lamentations aux quatre coins de la ville. Eboulements, écroulements d’habitations, ensablement sont quelques-uns des effets produits par les pluies. Le plus emblématique restant toutefois l’affaissement d’une partie du viaduc qui faisait la fierté de la capitale congolaise.

L’heure est désormais à la traque des responsables d’une situation qui n’est pas arrivée sans signes avant-coureurs. Et comme à son habitude, le ministre Pierre Mabiala a tenu à mettre les points sur certains des «i» les plus évidents. Au cours d’une rencontre avec les propriétaires terriens mardi dernier à Brazzaville, le ministre des Affaires foncières et du domaine public est allé droit à la question. «Faisons l’introspection: qui sont les propriétaires fonciers qui ont vendu et bravé l’interdiction de l’Etat?»
Il a rappelé qu’au terme de la loi, les quartiers qui, aujourd’hui, subissent le martyre ou ceux qui leur sont voisins pouvaient être épargnés de la situation d’aujourd’hui, car déclarés officiellement «non constructibles!». Or, aujourd’hui, la pluie a infligé des balafres aux quartiers de Ouenzé, Talangaï, Djiri, Nkombo, Madibou ou Mfilou-Ngamaba. Qui est responsable? Le ministre ne s’est pas laissé influencer par les dénégations de la délégation des propriétaires terriens présents dans la salle.
Il a annoncé que «désormais et jusqu’à nouvel ordre, les zones périphériques des villes du Congo sont interdites de lotissement». Mesure sans appel, énoncée d’une voix ferme, indicatrice de la volonté de ne pas laisser perdurer ce que le ministre appelle de «la criminalité foncière». Il a sommé les propriétaires terriens de lui fournir d’ici lundi, une liste d’occupants irréguliers de parcelles ayant outrepassé leurs mises en garde et même les documents par lesquels ils s’établissent propriétaires terriens.
Car ceux-ci, pour leur défense, se sont défaussés sur les occupants anarchiques construisant sur des terrains sablonneux, des pentes de collines ou sous des pylônes électriques. Ils ont réfuté tout en bloc: «Nous ne continuons plus à vendre depuis la loi de 2003. Nous sommes touchés et sensibles aux malheurs de nos compatriotes. A Ngambio Sadelmi, ce sont les Chinois, avec les travaux de la nouvelle caserne, qui ont aggravé le problème». Le ministre est resté intraitable. Même aux affirmations de ceux qui parlent de la colère des mânes avec la désacralisation des lieux de rituels: «Des superstitions. Les érosions ne sont pas la manifestation de quelque divinité ‘étouffée’ que ce soit!».

Albert S. MIANZOUKOUTA