Notre classe politique semble tout d’un coup prise de frénésie. Il n’y a pas de mystères en cela : l’approche de l’élection présidentielle de l’an prochain commence à agir comme un accélérateur d’électrons. Les acteurs politiques, même parmi ceux qui ont été exposés sur la place publique, voire hués, se rapprochent du milieu de la scène. Et se réclament d’une virginité nouvelle pour sauver le pays : classique !
Mais, ainsi que le montre la récente proclamation de la liste des « nouveaux » préfets, nous cheminons vers du déjà-vu. Tel préfet nommé, a déjà servi à Pointe-Noire, au Kouilou, dans la Bouenza, le Pool ou la Sangha. Son changement de poste lui insufflera-t-il le zèle et, parfois, l’honnêteté qu’exige le fait de servir le pays au plus près des administrés?
Nous entrons dans une période de nouveaux défis. Les compétences sollicitées seront celles qui présentent la capacité à décider et/ou à traduire en acte le programme de la majorité, étant supposé que celui-ci n’est pas teinté de favoritisme, de relents ethnicistes : de tribalisme. Nous ne semblons pas en prendre le chemin. Car tout le monde fait comme si le tribalisme était une fatalité, et qu’il ne nuisait qu’aux mal-nés.
Tout se passe comme si les vigoureuses ardeurs d’un pays qui déjà s’affirmait en Nation dans les années 1970, étaient retombées dans leur «flop». Et que personne ne s’en émouvait. Des nominations de cadres recrutés au pied du même bananier, avec la prétention qu’elles nous sauveront des détournements de fonds, de la gabegie, du manque de vigilance sur nos finances et de la fermeté à agir lorsqu’il s’agira de sanctionner les écarts et les manquements. Nous sommes restés le même Congo, mais nous nous illusionnons pourtant qu’il est changé !
La semaine passée, le Président de la République était dans la Bouenza. Sous ses projecteurs, nous avons vu la beauté de la récolte du maïs. Nous aurions aimé que de tels spectacles se multipliassent sur l’ensemble du pays. Et que manioc, tilapias, safous, riz, poulets, aubergines, avocat, pondou et, bientôt, arachide produits de nos propres terres sauvegardées de la prédation par nos paysans viennent égayer les étals de Total ou de la Tsiémé pour que le Congolais n’ait plus faim. Un rêve inatteignable, vraiment ?

Albert S. MIANZOUKOUTA