Si les agents de sécurité n’avaient pas fait preuve de sang-froid, un grave incident se serait produit ce jour-là ! Racontée ainsi, toute l’histoire devient un fait divers. Pourtant, l’agression perpétrée par une poignée d’individus hargneux le 29 décembre dernier au cabinet du ministre d’Etat Claude Alphonse N’Silou n’avait rien du film de fiction. Une dizaine d’individus ont fait irruption au cabinet, pour exiger du ministre le «déblocage» des dossiers de dédommagement des victimes des explosions du 4 mars 2012, à la caserne (des blindés ?) de Mpila. Qu’on se rappelle : ce jour-là des centaines d’engins explosifs avaient pris feu et littéralement dévasté tout le quartier autour de la caserne. Une enquête fut diligentée, des responsabilités dégagées, un procès eut lieu et des condamnations prononcées.
L’Etat prit en charge les obsèques officielles des centaines de victimes. Une commission fut difficultueusement mise en place pour gérer le suivi des dossiers. L’Etat, dans l’urgence, construisit des logements de restitution pour les victimes, non loin du lieu du drame, et un autre à Kintélé.
C’est dans ce contexte que la dizaine de personnes qui ont fait irruption au cabinet du ministre d’Etat criaient leur colère, parce que dans leur analyse, c’est le ministre Claude Alphonse N’silou qui traînait les pieds. «Le ministre Ngouonimba et tous les autres membres de la Commission nous ont dit que c’est Nsilou (Sic) qui n’autorise pas les payements. Nous sommes venus armés et nous sommes prêts à venir f… la m… ici. Nsilou est qui dans ce pays ?»
La tournure de ces événements a débordé le cadre des revendications, devenant une affaire politique. C’est-à-dire ethnique !
Si le cabinet du ministre d’Etat se refuse à tout commentaire dans cette affaire, et si dans l’entourage de son parti, le RC, on répète une consigne de «No comment», il ne fait pas de doute que cet incident tombe à un moment délicat de la vie politique nationale. Le Président Denis Sassou Nguesso vient de mettre fin à l’incertitude en annonçant que les élections présidentielles auront lieu le 21 mars prochain. Pendant des semaines et jusqu’à la conciliation politique de novembre dernier à Madingou, la classe politique se perdait en conjectures. Ce n’est pas le moment de craquer des allumettes.
Les veilles d’élections ont toujours été mouvementées du 29 décembre, menés par des assaillants prétendument venus armés de Kanga Mbanzi à Talangaï sont de mauvais signes. Surtout pour une affaire qui n’a épargné ni majorité, ni opposition mais qui a gagné en visibilité. Le dossier est en effet inscrit au budget ce dont certains des protestataires du 29 décembre sont venus remercier le ministre par la suite.
La Commission mise en place a d’ailleurs eu le mérite d’apporter un peu de clarté dans ce mécanisme. Elle a permis que le dossier soit inscrit au budget, et ne fasse plus l’objet de tractations manipulatrices, ni ne subisse l’influence des seuls puissants.

A.S.M.