Mauvais résultat après mauvais résultat, le football congolais, qui a clôturé sa campagne des qualifications pour le Mondial 2022 par une défaite somme toute logique devant le Sénégal à Thiès, semble frappé par la fatalité de l’échec. Que faut-il faire pour enrayer cette dramatique spirale et permettre enfin au merveilleux public congolais, qui se passionne pour le ballon rond de regoûter aux joies de la victoire ? Le Gouvernement et la Fédération congolaise de football (FECOFOOT) devraient sérieusement se pencher sur la question et adopter un plan de relance.
Une certaine légèreté a, semble-t-il, frôlé des responsables et des médias qui ont tenté de réduire cet énième échec des Diables-Rouges, durement ressenti par tout le monde, à un simple problème d’entraîneur qui ne serait pas à la hauteur des attentes de son employeur. Sans éluder ses responsabilités dans l’élimination des Diables-Rouges, en tant que responsable technique direct, c’est ignorer que Paul Put a eu quatre prédécesseurs (Les Français Pierre Lechantre et Sébastien Migné, le Brésilien Candido Valdo, le Congolais Barthélemy Ngatsono) depuis le départ de Claude Le Roy en 2015.
Les mauvais résultats du football congolais ne sont pas un fait nouveau. Depuis le coup de tonnerre de l’AC Léopards en Coupe de la Confédération en 2012, aucun club n’a plus remporté une compétition africaine. Tout comme depuis 2015, les Diables-Rouges n’ont plus obtenu une qualification pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations. Et depuis plusieurs années, le championnat national de Ligue 1 est insipide ; les mordus du ballon n’ont d’autres choix que de jeter leur dévolu sur les matches de la Champion’s League européenne, des championnats d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, d’Angleterre ou de France pour certains, d’aller à la pêche ou de remplir les débits de boisson pour d’autres. Et pourtant tout le monde sait, en théorie, que le succès est au bout d’une bonne organisation, qui fera du développement à la base une priorité.
Le monde s’extasie devant les prouesses des footballeurs sénégalais, ghanéens, nigérians, ivoiriens, etc. Or ceux qui suivent attentivement l’évolution du football dans ces pays respectifs sont d’avis qu’un travail de fond s’y fait. Leurs dirigeants ont divorcé d’avec l’amateurisme irresponsable. Aujourd’hui, leurs résultats reflètent une véritable prise de conscience et une recherche hardie des voies et moyens pour conjurer des pesanteurs. Cela touche aussi les catégories mineures pour déboucher sur le football de représentation dont on admire et envie les performances.
Si donc, les responsables nationaux et fédéraux congolais veulent réussir, ils doivent tirer leçon de leurs échecs et des succès des autres, puis se mettre résolument au travail. Pour cela, il leur faudra trouver les moyens pour investir dans le championnat national de Ligue 1 et les championnats de petites catégories. Toutes les équipes fédérales en ont parlé mais presque rien n’a été fait dans ce sens. Il faut rayer le disque des difficultés de financement. Si on a une vision pour le football congolais, si on veut que les clubs et les Diables-Rouges soient à nouveau redoutés, il est possible de dénicher des mécènes. Et c’est à ce niveau que l’Etat doit intervenir par des exonérations fiscales sur les mécénats.
En Afrique, il y a de nombreux cas de sociétés de pétrole, de téléphonie mobile, de paris sportifs ou de loteries, par exemple, finançant abondamment des championnats de football. Au Congo, si leur apport peut permettre de changer la physionomie du championnat de Ligue 1 afin qu’il ne soit plus insipide, de nombreuses entreprises n’hésiteront pas à associer leur image à celle des clubs parce qu’elles auront retrouvé le succès. Investir aussi dans les championnats de petites catégories doit aller de pair avec la redynamisation du sport scolaire et universitaire qui vivote faute d’organisation efficiente. A ce propos, les différents ministères de l’Education sont interpellés en ce sens qu’ils doivent travailler à remettre le sport au cœur de la formation des enfants et des étudiants. Le réveil de l’ONSSU doit prendre aussi en compte la construction des infrastructures, car on ne peut pratiquer le football, par exemple, si les terrains sont inexistants dans les établissements scolaires et les universités.
Un dernier volet : les centres de formation de football. Il faut encourager ceux qui prennent l’initiative de leur donner naissance. L’Etat et la FECOFOOT ont le devoir de faire un peu plus pour qu’ils servent à quelque chose. Cela s’appelle subvention. Normalement, ces initiatives devraient compléter les écoles de formation des clubs comme cela se voit sous plusieurs cieux. Ce secteur a besoin d’être réorganiser au Congo, afin que les jeunes talents soient bien encadrés et soient le vivier d’un championnat qui carbure. Et c’est possible, pour peu que les acteurs aient de la vision!

Jean ZENGABIO