La présence du Centre d’éducation, de formation et d’apprentissage (CEFA) au Congo, permet aux jeunes déscolarisés, désœuvrés et ceux intéressés aux métiers professionnels d’assurer une insertion socio-professionnelle pour les sortir des adductions et de toute autre nature d’antivaleurs. Placé sous la tutelle du ministère de l’Enseignement technique et professionnel, le Centre assure la formation des métiers sur le froid et climatisation, la menuiserie, les finitions du bâtiment, la maçonnerie, la plomberie, l’électricité bâtiment, la soudure et baie vitrée. Pour les métiers de services, la formation est donnée dans les domaines de services administratifs aux entreprises, la coiffure-esthétique-cosmétique, la coupe-couture-confection et la boulangerie-pâtisserie. Mme Audrey Gwladys Mpansou Madingou, directrice du CEFA présente le Centre dans sa vocation d’accompagner le développement du pays, qui a tant besoin d’ouvriers qualifiés.

*Pouvez-vous nous faire découvrir votre centre?
**Le décret qui crée le CEFA existe depuis 2009 et le Centre a réellement démarré le 7 novembre 2016. La formation dure deux ans, nous sommes à notre quatrième génération. Nous formons des ouvriers qualifiés dans sept filières. Nous avons les grosses œuvres du bâtiment, les finitions du bâtiment (carrelage, enduit, peinture, staff), la menuiserie (charpente, couverture), la construction métallique, l’installation sanitaire et traitement des eaux, l’installation électrique et le froid ainsi que la climatisation.

*Quel est le nombre prévu dans chaque domaine?
**Pour les entrées précédentes, on avait 20 apprenants dans chaque domaine. A ce jour le ministre de l’Enseignement technique a pris une note pour augmenter le nombre à 25 apprentis. Mais, il y a des domaines dont le nombre est variable en fonction des besoins. Ces apprenants peuvent être des travailleurs de tous les âges qui viennent pour se perfectionner en formation continue.

*Quelles sont les conditions pour accéder au centre?
**La première condition est que l’apprenant doit savoir lire et écrire et avoir un niveau minimum de quatrième, être âgé entre 16 et 25 ans. Ces conditions sont pour la formation initiale. Il y a un dossier à déposer et le candidat est soumis à un test pour connaître la motivation de l’apprenant, parce que nous travaillons avec des entreprises. Le test nous permet de déceler aussi les vocations des apprenants; de savoir pourquoi s’intéressent-ils à cette formation. C’est pour éviter d’assister aux cas de décrochage.

*Est-ce que la formation est payante?
**Nous avons deux types de formation. Il y a la formation non payante qu’on appelle la formation initiale. Cette formation concerne les jeunes dont l’âge varie entre 16 et 25 ans et avoir un niveau d’instruction minimum de quatrième. Elle est financée par l’Etat. Les bénéficiaires contribuent à payer leur assurance qui est obligatoire et quelques frais scolaires ne dépassant pas la somme de 15.000 FCFA chaque année. La formation est gratuite pour ce qui viennent pour deux ans. L’autre type de formation, c’est la formation continue. Elle concerne ceux qui n’ont pas pu réussir au test, mais qui veulent se former; malgré tout, sont prêts à payer leur formation. Il y a aussi les travailleurs qui tiennent approfondir leur qualification, ainsi que les maîtres artisans qui veulent se perfectionner dans les différentes filières. Les frais varient en fonction du demandeur et la disponibilité des formateurs selon les filières. Certaines filières sont moins couteuses par rapport aux autres, ainsi que la durée, elle est peut-être légère ou longue.

*Une idée, pour la formation continue sur les montants à payer?
**Un exemple, l’année dernière quand nous avons commencé avec la formation continue, certains ont payé 25.000 FCFA le mois pour une durée de 9 mois. D’autres s’engagent pour une formation de deux ans pour faire tout le cursus.

* Est-ce que les formateurs sont qualifiés ou sont-ce des maîtres artisans?
** Nous avons trois types de formateurs. Nous avons des fonctionnaires, des personnes qui ont fait des formations professionnelles, des prestataires que nous intégrons au CEFA en fonction des besoins et de leurs compétences et le troisième type de formateurs sont des professionnels dans certaines filières, des maîtres artisans qui accueillent nos apprenants en alternance.

* Quelle appréciation portez-vous à la prestation de vos formateurs?
**Je suis satisfaite, surtout aujourd’hui avec l’évolution de la technologie, nous travaillons avec des entreprises, donc la tâche est complexe. L’objectif premier c’est de mettre à la disposition de ces entreprises des ouvriers capables et compétitifs. Les formateurs ont des périodes de renforcement des capacités pour atteindre des résultats, parce que nous sommes accompagnés par l’Agence française de développement (AFD). Nous sommes suivis par une expertise française depuis 2015, avant que nous démarrions. Tout au long de l’année, cette expertise a des plannings des descentes de deux à trois semaines ou un mois pour se rendre compte de l’évolution du programme de formation.

*Après la formation de deux ans des jeunes, sont-ils suivis dans leur installation ou vous les laissez se battre tous seuls sur le terrain?
**La grande difficulté que nous avons aujourd’hui, c’est l’insertion socio-professionnelle. Normalement, après la formation au CEFA, ces jeunes devraient subir une autre formation pour leur insertion. Nous sommes en face d’une difficulté. On fait le basic avec eux. C’est pourquoi, nous sollicitons toujours auprès du Gouvernement de nous appuyer.

* Que disent les jeunes de leur formation?
**On ressent de plus en plus leur enthousiasme. De note côté, on nous reproche aussi de ne pas communiquer assez. Mais le peu de communication que nous faisons, ces jeunes gens viennent. Les filles par contre, ne sont pas motivées. Nous allons continuer à communiquer. Notre centre ne fonctionne pas comme une école classique. La rentrée est variable entre les mois de septembre et novembre.

*Un dernier message?
** La jeunesse ne doit pas hésiter à venir se former. La formation est une base, une fondation. On peut pratiquer un commerce et on peut perdre le capital. Mais, quand on est formé dans un métier, c’est un grand capital. Les compétences ne se vendent pas quand on est bien formé. Le savoir-faire se voit et se lit. Notre entreprise a besoin des compétences. Nous avons également des métiers de services. A Pointe-Noire, il y a la maintenance industrielle et à Dolisie, il y a aussi un CEFA. Il n’y a pas que les métiers des bâtiments. Nous sommes situés dans l’enceinte du lycée technique industriel du 1er mai à Brazzaville. Je lance un message à l’endroit du Gouvernement: la présence d’un lycée professionnel s’impose.

Propos recueillis par
Philippe BANZ