Les maladies de l’œil sont très répandues parmi les populations congolaises, aussi bien à Brazzaville qu’à l’intérieur du pays. Selon le cadre de conception et d’analyse en ophtalmologie humaine Atipo Ibara. parmi les causes majeures de cécité ou amaurose” perte totale de la vue”, on note: la cataracte (49,4%), le glaucome (13%), la rétinopathie diabétique proliférante (8,9%), les neuropathies optiques non glaucomateuses (8,1%), etc. Ainsi, ces maladies constituent un réel problème de santé publique. Pour preuve, le centre communautaire des soins oculaires de Nkombo-Djiri dénommé la «Santé de l’œil» que dirige l’ophtalmologue Noël Cyrille Atipo Ibara, concepteur et analyste des maladies et anomalies des yeux, ne désemplit pas. Dans l’interview qu’il a accordée à La Semaine Africaine, le médecin estime que «n’eût été la Maison de l’œil, il y aurait beaucoup d’aveugles à Brazzaville».

*Veuillez-vous présenter aux lecteurs de La Semaine Africaine

**Je suis l’ophtalmologue Atipo Ibara, chef de service de la clinique Santé de l’œil de Nkombo à Djiri où on fait les consultations ophtalmologiques et d’autres interventions chirurgicales en termes de spécialité.

*C’est quoi la clinique Santé de l’œil +?

**La maison communautaire de la Santé de l’œil (+) est une clinique qui s’occupe des pathologies liées à l’œil à moindre coût. Cette clinique est issue d’un constat: avant la construction de l’hôpital général de Djiri, il n’y avait dans le secteur de Nkombo-Djiri aucun centre de traitement de l’œil, c’est ainsi que nous avons eu l’idée de créer ce centre avec jadis la fondation perspective d’avenir. Et malgré la construction de ce grand hôpital, la maison Santé de l’œil ne désemplit pas.

*Quelles sont les pathologies liées à l’œil que vous traitez ici ?

**Les pathologies de l’œil sont diverses et variées. Mais la majorité des pathologies que nous traitons ici sont des conjonctivites virales, allergiques ou vernales, les irritations oculaires, les abcès (bibons), la cataracte qui devient comme la cause primordiale de la cécité au monde, le glaucome (la tension oculaire ou pression intra oculaire: P.I.O) que beaucoup des gens ignorent. Cette tension peut être génétique ou congénitale. Nous nous occupons des ptérygions, des chalazions, des pingueculas, des kystes oculaires, des plaies ou brûlures oculaires. Notamment des femmes en quête de beauté, qui se font poser des cils et les produits et instruments utilisés affectent les yeux (les allergies, blepharospasme, œdèmes des paupières, ecchymoses, chemosis…), là aussi nous intervenons. Ensuite, nous réparons les cas d’abaissement du nerf oculomoteur commun (optique) au niveau de la paupière. C’est-à-dire, il y a une paupière qui s’affaisse et réduit la capacité de la fente oculaire “phtyse”. En ce qui concerne les cas des trabismes (les yeux qui louchent), il faut noter qu’à bas âge on peut corriger, mais au-delà d’un certain âge, faute de matériel approprié, la chirurgie esthétique se fait ailleurs, nous conseillons aussi l’examen des lunettes…la liste n’est pas exhaustive.

*Voudriez-vous nous dire depuis quand ce centre existe et quelle est son taux de réussite dans les soins administrés aux communautés ?

**Le moi est haïssable, mais en dix ans d’existence du centre, contre vents et marées, nous avançons et nous sommes au service des communautés. J’avoue que n’eût été ce centre, on aurait retrouvé beaucoup d’aveugles dans ce secteur …certes, je ne suis pas le seul…nous sommes en association (l’Association de la prévention de la vue, en sigle A.PRE.VUE), lorsque je vois que les capacités ne sont pas fiables au centre de Nkombo, on peut référer le patient ailleurs, là où le plateau technique peut répondre. Avec l’inspiration intellectuelle de feu Congolais Auguste Atipo Ibara dans son adage” les enfants faites rien que l’école pour un avenir meilleure équilibré”, les études de la médecine exigent une cohésion professionnelle sans ego” l’habit ne fait pas le moine”, et” c’est en forgeant que l’on devient forgeron”.

*Les examens et soins qui y sont administrés, sont-ils accessibles à toutes les bourses ?

*Comme vous pouvez le constater, le centre est intitulé centre communautaire des soins oculaires de Nkombo-Djiri: Santé de l’œil (+). Pourquoi les soins communautaires? Par ce que c’est pratiquement la gratuité. Les consultations et les examens complets sont établis à 5.000 FCFA. Et le contrôle est fixé à 2.000 FCFA seulement. Vous pouvez avoir un corps étranger dans l’œil, une plaie à suturer, un kyste oculaire ou quelque chose du genre, on l’exécute ou on l’extrait à partir de ces 5.000 FCFA. C’est un centre au service des plus démunis.

*Si vous aviez un mot pour clôturer notre entretien, à qui voudriez-vous l’adresser ?

**Notre centre est submergé par les patients. Mais nous demandons aux Brazzavillois qui ont des problèmes de vue, d’où ils habitent, devenir à Nkombo derrière l’école Emonaya (première pilonne de haute tension), non loin de l’Hôpital général de Djiri derrière le CNRTV-Nkombo…nous les recevrons à bras ouverts. Notre maison communautaire Santé de l’œil+ suit aussi les patients à distance. Ceux qui se trouvent loin à l’intérieur du pays et qui n’ont pas des possibilités devenir à Brazzaville, sont suivis, sans rien payer. C’est pourquoi nous l’appelons: «Santé de l’œil+». Aux pouvoirs publics nous sollicitons de l’aide. L’expertise, nous l’avons. Mais nous ne ferons rien sans un plateau technique de pointe. Les appareils que nous utilisons sont dépassés. Si nous avons un bon plateau technique, certaines interventions chirurgicales pouvaient se faire sur place, plutôt qu’à l’étranger. Nous sollicitons également l’aide ou appui de certaines ONG crédibles pour le bien-être social: car la vue, c’est la vie” luttons contre cette inaptitude parfois imprévue par ignorance en installant abusivement des sèves végétales ou encore par manque des informations.

Propos recueillis par Marcellin MOUZITA