Pour la première fois depuis le coup d’Etat du 30 août 2023 qui a renversé Ali Bongo, son ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze sort de son silence, pour alerter sur la crise qui secoue le Parti démocratique gabonais (PDG), l’ex-parti au pouvoir. En effet, la formation qui monopolisait la vie politique depuis plus de 50 ans est en difficulté, une partie de ses cadres aujourd’hui en prison. Fin février, la formation a organisé des assises pour sonder les militants et se réformer. Mais pour Alain-Claude Bilie-By-Nze cela n’a pas fonctionné.

Le PDG subit «une crise majeure», il faut une «solution politique de sagesse et de rassemblement», estime Alain-Claude Bilie-By-Nze. Pour l’ancien Premier ministre du dernier gouvernement déchu d’Ali Bongo Ondimba, l’intérim actuel n’est pas suffisant. Quant aux récentes assises d’autocritique avec les militants, elles ont échoué, selon lui.
«Le parti va très mal, constate-t-il. Ce parti, depuis août, ne s’est pas véritablement réuni, on a un intérimaire qui fait ce qu’il peut, mais nous pensons qu’il faut aller beaucoup plus loin que l’intérim. Les militants sont déboussolés, les assises n’ont pas atteint les objectifs qui leur étaient assignés, les militants ne se sont pas manifestés, et donc il faut aujourd’hui se regarder en face. Le parti a aujourd’hui des personnalités en son sein qui sont capables de donner un certain nombre de pistes et solutions», souligne le dernier premier ministre d’Ali Bongo Ondimba.
Alain-Claude Bilie-By-Nze demande une réunion d’urgence du bureau politique et du Conseil consultatif des sages, pour constater une vacance et engager des réformes dans un contexte de malaise pour le PDG.
«Le mal est profond, parce qu’il est question de gouvernance, de démocratie interne, de pouvoir assumer ce que nous sommes. Il y a ce qui est de l’ordre de l’actif, donc ce qui est positif, et il y a le passif, qu’il faut affronter. Lorsqu’il y a un coup d’Etat dans un pays, c’est qu’il y a eu un dysfonctionnement majeur des institutions et de la classe politique de manière globale. Déjà, nous pensons qu’il faut regarder le mode d’évolution des fonctions au sein du parti: est-ce qu’on continue avec des nominations? Les militants devront se prononcer. Pour nous, ce n’est plus une question de personne», explique-t-il.
Alain-Claude Bilie-By-Nze demande enfin une nouvelle direction pour gérer les affaires courantes jusqu’au congrès extraordinaire d’où seraient issues de nouvelles structures. Ne pas le faire risque de «consacrer la mort du PDG», estime-t-il.

Gaule D’AMBERT